Littérature : les 4 livres coups de cœur de l'écrivaine Cécile Pivot pour la semaine du 7 décembre 2024
Douglas Kennedy connaît extrêmement bien son pays. Il est capable d’en parler d’un point de vue historique, sociétal, politique et culturel. Rien ne lui échappe : il connaît sur le bout des doigts les failles et les névroses des États-Unis, son "vernis d’idéalisation", tout comme ses forces et ses côtés admirables. Pour tenter de définir l’identité américaine, il revient notamment sur sa jeunesse à lui, qui ne fut pas des plus gaies, auprès d’un père acariâtre et autoritaire, et d’une mère qui n’a pas fait mieux question caractère. Seul point positif : ses parents lui fichent une paix royale et Douglas est indépendant très jeune. Ceci explique cela : c’est dehors, à Manhattan, alors qu’il fuit le plus possible l’atmosphère familiale étouffante, qu’il apprend à découvrir sa ville, ses habitants, ses ambiances, et se plonge avec délices dans les années 60. Il fréquente les cinémas, les théâtres et les salles de concert. Son amour pour le jazz ne s’est jamais démenti et les pages qui lui sont consacrées sont parmi les plus belles de ce récit. Douglas se pointe seul au Vanguard, club de jazz mythique s’il en est, alors qu’il n’a que seize ans. Le portier le laisse rentrer : il peut fumer autant qu’il veut mais attention, pas une goutte d’alcool, sinon c’est la porte. Son premier concert ? Bill Evans. "Je suis peut-être américain – mais avant tout, je suis new-yorkais", écrit-il. Nombre d’anecdotes étayent son récit et ses points de vue sur l’Amérique d’hier et d’aujourd’hui forcent (...)