Littérature : les 3 livres coup de cœur de la semaine du journaliste et écrivain David Lelait-Helo

Les lieux de l’enfance nous font une seconde peau, ici frissonnante sous la plume de Marie Sizun. Le 10, villa Gagliardini dans le XXème arrondissement de Paris "est un appartement qui fait corps avec moi (…) un être vivant, fraternel, jumeau (…) Il est mon enfance et quelque chose de plus, comme un secret. Une empreinte génétique", écrit-elle avec grâce. Ses parents emménagent là deux mois avant que soit déclarée la guerre, elle y vit ses premiers jours tandis que son père est mobilisé et ne reviendra que 4 ans et demi plus tard. Entre ces murs simples au papier gris, se déploient l’amour de et pour la mère, l’apprentissage de la lecture et le goût des mots. Le père s’en revient de la guerre, donne au foyer un petit frère puis s’en va créer ailleurs une autre famille. La petite fille retrouve avec joie l’entièreté de son cher petit appartement et du cœur immense de sa mère, mais aussi la douce liberté de ses voyages intérieurs. Désormais, elle sera celle qui veille et protège. Sa mère, flanquée de sa fantaisie et de sa folie douce, est si fragile, trop exaltée parfois, et leur pauvreté si grande. L’appartement que bâtit ici Marie Sizun est un théâtre aux couleurs fanées, et son récit un monologue d’une infinie et superbe mélancolie. Elle le chérit et lui parle : "Cher appartement, terrible et tendre… "Avec elle, nous repartons à la source, revivons nos premiers chagrins et les émerveillements autrefois esquissés sur les murs de notre enfance. Et tandis qu’elle dresse avec poésie (...)

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