Littérature : les 4 livres coups de cœur de l'écrivaine Cécile Pivot pour la semaine du 9 novembre 2024
Le père d’Hélène Gaudy dit qu’il ne se souvient pas. Il parle peu, pose sur ses proches et sur la vie un regard un peu lointain, bienveillant, aimant, "attentif, curieux, sur ses gardes". Il n’a jamais raconté ses souvenirs. Son enfance est une longue absence. Comment aller à la rencontre de ce père alors âgé de 80 ans ? Au cœur de quelle contrée s’est-il retranché ? La romancière à l’écriture ciselée, empreinte de nostalgie, remontera aux origines, se rappellera son grand-père paternel, un homme secret, courageux et irascible, grand résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, sa grand-mère, une femme effacée derrière son époux, souriante, discrète, qui elle aussi a combattu les occupants en 39-45. Hélène Gaudy va lire le journal que son père tient lors de ses années algériennes alors qu’il est jeune instituteur, ses carnets, une partie de sa correspondance, ses poèmes (un par jour depuis des dizaines d’années). Un père se découvre, mais "un père de papier". À travers ses objets, aussi, elle tente de l’approcher. Bibelots, mobilier, papiers, accessoires de toutes sortes ont pris possession de son atelier parisien du Xe arrondissement, jusqu’au moindre recoin. Car pour lui, qui fut peintre également, "les objets ne sont pas choses inertes" et dans ce musée des curiosités, chacun d’entre eux a une histoire. Elle en choisit un, puis un autre, pour avancer, questionner, supposer. Dans le sillage de son père, elle remonte le temps et offre à cet homme "propice à l’émerveillement" (...)
