Littérature : les 4 livres coups de cœur de l'écrivaine Cécile Pivot pour la semaine du 18 janvier 2025
Leïla Slimani a réussi son pari : celui de retracer la vie de la famille franco-marocaine Belhaj sur trois générations et en trois romans, du Maroc colonial jusqu’à aujourd’hui. La romancière sait se placer des deux côtés du miroir, quel qu’il soit : l’intime et la vue d’ensemble, le résident et l’étranger, l’homme et la femme, l’ascension et la déchéance, le monde du dehors et celui du dedans, ses propres souvenirs et la fiction… C’est avec les sœurs Mia et Inès, nées dans les années 1980, que se clôt cette trilogie, qui avait débuté avec les grands-parents, Mathilde (née en Alsace en 1926 ) et Amine (né au Maroc en 1917) installés dans la région de Meknès. Elle s’était poursuivie avec leurs enfants, Aïcha, (la mère des filles précédemment citées), qui devient médecin gynécologue et épouse Mehdi Daoud, et Selim, installé à New York en tant que photographe – le chapitre consacré à la venue de ses parents aux États-Unis est formidable. Revenons à la dernière génération. Mia et Inès ne se ressemblent pas, ni physiquement, ni de caractère. Longtemps, Mia rejettera sa petite sœur. Toutes deux font des études à Paris et c’est là que Mia, qui aime les femmes, s’épanouit sexuellement. L’histoire de leur père, jeté en prison pour avoir soi-disant détourné de l’argent alors qu’il était président du Crédit commercial du Maroc, est un traumatisme pour elles et toute la famille. Quelle injustice envers celui qui consacra ses jours et ses nuits à son travail ! Il tombe gravement malade une (...)