Littérature : les 6 livres coup de cœur de l'écrivain David Lelait-Helo pour la semaine du 21 septembre

On a tant écrit sur le premier amour, Christophe Bigot, lui, nous donne à vivre le dernier. Celui de Marguerite Yourcenar, au début des années 80 alors même qu’elle devient la première femme à entrer à l’Académie Française. Auréolée du succès international du sublime Mémoires d’Hadrien, l’auteure mène depuis 40 ans une vie paisible auprès de Grace, sa traductrice et amante, sur une île du nord-est des États-Unis, quand surgit un certain Jerry Wilson, photographe et gay notoire, "son blond ténébreux" dit-elle. Grace meurt et le bel ange s’installe dans la maison et le cœur de Marguerite. 46 ans les séparent. Mais n’est-il pas aussi l’écho d’un amour ancien, "son André, revenu du fond des âges pour rouvrir en elle la béance de la passion" ? André était "beau et blond comme un jour d’été (…) homosexuel, misogyne, antisémite et fasciné par l’uniforme". Après qu’il avait eu droit de vie et de mort sur elle, elle mit des années à guérir. Jerry vient à elle avec sa jeunesse mais également chaussé de ses semelles de vent, à eux les voyages du bout du monde, avec lenteur, sans jamais prendre l’avion. "Elle se laisse porter sur la route comme une héroïne de Kerouac". Deux ans "de bonheur et de jouvence" à avaler les paysages dans la joie et le partage mais le diable, camouflé sous les blanches ailes de l’ange, jaillit bientôt. Trop d’alcool et de drogue, une profonde mésestime de soi et l’enfer s’abat sur Marguerite, la voici "amoureuse rejetée, implorante et pathétique". Il se montre (...)

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