Littérature : les 7 livres coup de cœur de la semaine de la journaliste et écrivaine Cécile Pivot

Le 28 mai 2022, le père de Nina Bouraoui est entré à la maison médicale Jeanne-Garnier à Paris, spécialisée en soins palliatifs. Un lieu à part, "îlot d’humanité unique dans sa forme". Il y est mort le 7 juin. Dans cette chambre qu’occupe celui "qui se tient au seuil des ténèbres", Nina veille sur son père avec sa sœur et sa mère. Il faut bien ces jours-là, dix au total, pour admettre qu’un miracle n’aura pas lieu et que son père l’invincible, qui avait réchappé à un attentat, une prise d’otages, un séisme, ne l’est plus. Tous les jours, Nina a rendez-vous avec la mort, avec celui qui fut l’homme de sa vie, qui porte l’identité de sa famille. Lorsqu’elle quitte Jeanne-Garnier, c’est pour marcher des kilomètres dans Paris, pleurer sous la douche. Nina ne dort plus. Elle se rappelle de celui qui aujourd’hui désordonne son passé, mais qui autrefois fut son plus fidèle allié dans ses choix amoureux, lui enseigna les mathématiques, l’alphabet arabe, le crawl et la nage papillon, "le ballon sur la tranche du pied pour la vrille", lui rapporta des États-Unis les disques de Boney M et Barry White, lui ordonna d’être première en tout, et tant d’autres choses encore. La plus émouvante : lorsque sa romancière de fille (qui s’est fait connaître en 1991 avec La Voyeuse interdite) publie un nouveau livre, il se rend dans les librairies pour déplacer les piles afin de le mettre plus en avant. Souffre-t-il ? se demande sa grande et petite fille. A-t-il peur ? Nous entend-il ? Des questions qui (...)

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