Livre : il est comment le nouveau Alain Mabanckou ?

« Ça sert à quoi d'être riches dans sa vie si c'est pour finir en voisins de tombe avec ces fainéants de pauvres ? », s'indignent les nantis de Pointe-Noire. Et à quoi sert de s'appeler « la mort a eu peur de moi » si c'est pour mourir trop tôt un soir de 15 août, jour de la fête de l'indépendance du Congo ? Tout juste remis de son enterrement, le jeune Liwa Ekimakingaï assiste aux quatre jours de sa veillée funèbre. L'occasion de voir sa dépouille promenée sur les lieux chéris de son enfance, cajolée par le cortège des chanteuses-pleureuses-danseuses, et par sa grand-mère adorée, Mâ Lembé. De se familiariser, aussi, avec sa nouvelle vie de mort, au gré des rencontres avec ses camarades du cimetière des pauvres, le Frère-Lachaise. Car les défunts continuent de faire entendre leur voix dans le nouveau roman d'Alain Mabanckou. Ils font la grève, se vengent, visitent leurs proches la nuit pour boire avec eux du vin de palme. La grande réussite de cette fable tendre et grinçante dans laquelle on retrouve les motifs chers à l'auteur (la place de la femme africaine, le goût de l'oralité et de la chose politique, la lutte des classes qui se poursuit ici jusque dans la tombe) est cet entrelacement subtil de réalités multiples, mêlant sciences et croyances, esprits et êtres de chair, songes nocturnes et clarté du jour. Il n'y a jamais une seule vision du monde chez le romancier – pour qui l'espace de la fiction n'a pas de limites –, qui...

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