Livres : le top 10 du mois de février
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Livres : le top 10 du mois de février
Hors de question de bafouer nos bonnes résolutions adoptées le mois dernier. Donc on continue d’allonger notre liste de livres à lire absolument. En panne d’inspiration ? On vous conseille une sélection de dix pépites littéraires qui raviront votre cœur de bookovore. Promis.Romans, polars et bandes dessinéesCe mois-ci, on élargit ses horizons et on pioche dans tous les genres. Romans, bandes-dessinées et récits personnels : vous n’aurez que l’embarras du choix. Alors n’attendez plus et misez sur les ouvrages qui vous semblent les plus captivants. Cap sur notre top 10, lu et approuvé par la rédaction.© Getty - 2/7
« Une simple histoire de famille », d'Andréa Bescond (Albin Michel)
On connaît Andréa Bescond danseuse, actrice, autrice et réalisatrice des « Chatouilles », on la découvre romancière inspirée et attachante. Comment la violence se transmet-elle entre les générations ? Où ça s'arrête ? Que feront de leur colère la géniale Lio, 20 ans, son père Hervé et sa grand-mère Louisette ? Parmi ces trois-là, si attachants et verrouillés par de lourds secrets, lequel brisera le silence en premier ? Leurs vies sont racontées en alternance, mais elles sont évidemment liées. Dans le spectacle puis le film « Les Chatouilles », Andréa Bescond montrait comment un pédocriminel avait pulvérisé son enfance. Devenue une militante infatigable contre les violences sexuelles et pour la protection des enfants, elle s'essaie au roman pour la première fois. Son énergie à fracasser les montagnes tape dans le mille : elle a un sens affûté des personnages, un talent narratif où l'on reconnaît sa patte de scénariste, mais aussi une plume fonceuse, bravache et joyeuse, vive comme l'eau du torrent. L'idée du livre lui est venue récemment, quand elle a découvert que sa propre arrière-grand-mère, victime de violences conjugales, avait fini par tuer son mari. Entre Paris et la Bretagne, les années 1950 et 2020, elle met en scène la nécessité d'en finir avec les secrets de famille. Ça fait mal sur le coup, mais Lio, Hervé et Louisette en sortiront métamorphosés, libres peut-être.
Dorothée Werner
Acheter© Presse - 3/7
« Les filles comme nous », de Daphne Palasi Andreades (Les Escales)
Leur peau a « la couleur de la terre », « du steak grillé d'un hamburger », « du beurre de cacahouète » ou « de la bière sans alcool du 7-Eleven ». Elles sont nées « au fin fond du Queens, à New York », juste assez loin et assez proche de Manhattan pour faire de l'île un horizon accessible ou un rêve hors de portée. C'est un exercice d'équilibriste que réussit Daphne Palasi Andreades dans ce premier roman écrit au « nous », en parvenant à faire parler d'une même voix cette communauté de femmes aux contours flous. De l'enfance à la mort, Andreades déroule les fils de ces existences liées par le regard que porte sur elles la société blanche dans laquelle les ont fait naître leurs parents déracinés. « Filles sages », « filles américaines qui vivent le rêve américain », « bonnes filles d'immigrés qui travaillent si dur », elles veulent réussir, se conformer, être vues et en même temps disparaître, étudier, sortir avec un garçon blanc de bonne famille, sans pour autant trahir les « frères » qu'elles laissent derrière elles. Poétique, émouvant, drôle, ce roman offre une sociologie saisissante de ces « filles à la peau brune » qui n'ont rien en commun mais pourtant partagent tant. Une voix est née.
Clémentine Goldszal
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« Home Body », de Rupi Kaur (Nil)
Pourquoi Rupi Kaur est-elle unique ? Parce qu'il n'y a pas d'autres poétesses qui, aujourd'hui, fassent des tournées mondiales à guichets fermés. En octobre, elle a rempli La Cigale, à Paris. En ce moment, elle arpente les États-Unis. Dans ses shows ultra-stylés, Rupi réinvente la poésie, déclamant des vers sensibles ou engagés. Toujours postés sur Instagram, ornés d'illustrations délicates tracées de sa main, ces textes touchent au cœur toute une génération : la sienne. À 30 ans, elle met en mots chaque doute, chaque joie, chaque incertitude traversée. Sa bataille contre la dépression – dont il est question dans « Home Body », son dernier recueil –, elle l'a gagnée. Et il est facile de comprendre les raisons de son tonitruant succès. Ses strophes, souvent courtes, captent les émotions sur le vif, montrent une âme écorchée qui se dévoile pour révéler aux autres qu'ils ne sont pas seuls dans l'angoisse et le découragement. Mais aussi pour délivrer quelques pensées politiques : sur l'Inde, où elle est née, sur les droits des femmes, constamment bafoués, sur l'avenir, dont la lourde responsabilité pèse sur les épaules des gens de son âge. Dans « Vagues », elle écrit : « Le monde change, le sens-tu se déshabiller et se glisser dans quelque chose d'inconfortable et de plus juste. » N'est-ce pas, en résumé, tout ce qu'il nous faut espérer ?
Flavie Philipon
Acheter© Presse - 5/7
« Zone de la douleur », de Françoise Frenkel (Gallimard)
L'exact contraire de l'indifférence. C'est par cette formule que l'on pourrait décrire l'écriture de Françoise Frenkel. Sortie de l'oubli en 2015 grâce à « Rien où poser sa tête » – livre racontant son destin de libraire juive à Berlin, réfugiée en France pendant la guerre –, cette femme exceptionnelle révèle de nouvelles parcelles de sa virtuosité littéraire dans un recueil retrouvé. « Zone de la douleur » rassemble une grande variété d'écrits : après quelques contes et souvenirs d'enfance figure un long récit, l'histoire d'une femme chez qui elle vécut un temps, surnommée « la dame au livre de Dostoïevski ». Par fidélité au jeune homme qui le lui avait fait découvrir, elle ne lisait plus que les romans de l'auteur russe. La troublante beauté de Frenkel est dans chaque mot, dans chaque dimanche, dans chaque saison douloureuse qui envahit son âme. Et ses « proses poétiques » se répondent, tels des élans de sentiments opposés. Les heures noires de l'Occupation ont altéré pour toujours sa façon de regarder le ciel, de croire en l'amour ou de chérir une amitié. De ses tristesses plurielles, l'auteure tire des brouillons somptueux : « Telle une bête blessée qui souffre mais qui ne peut rien contre la meute qui la poursuit, ni contre les blessures qui lui sont portées – j'assiste à l'anéantissement de ma volonté et de mon énergie. » Le passé, ainsi que le souvenir de ceux qui y sont restés, revient irrémissiblement la hanter. « C'est donc toi, Soleil ? Tu t'es levé ce jour de neige et de brume, tu as vu les miens aller vers le champ de la mort. Parle-moi d'eux, de leur dernière heure, de leur désespoir. »
Flavie Philipon
Acheter© Presse - 6/7
« Un vrai dépaysement », de Clément Bénech (Flammarion)
Mais quelle mouche a donc piqué Clément Bénech ? Pour quelles raisons ce jeune auteur, aux thématiques très contemporaines, a-t-il signé une fable comique, presque une farce, située en Auvergne et dans l'Éducation nationale (deux lieux où on ne l'attendait pas) ? Jugez plutôt : dans son nouveau roman, « Un vrai dépaysement », il met en scène Romain, un jeune professeur de français aux idées progressistes, nommé pour son premier poste dans un collège auvergnat. Sûr de lui et de ses méthodes révolutionnaires, il méprise ses collègues, ne croit pas que le professeur en sache davantage que ses élèves ni qu'il doive enseigner « à l'ancienne ». Ce fâcheux plein de bonne volonté ne cesse de répéter qu'il faut « s'ouvrir à l'autre », mais ne voit pas les autres autour de lui. Bientôt une sortie scolaire qu'il organise tourne à la catastrophe… Conte voltairien féroce, ce roman très politiquement incorrect est une critique au vitriol de l'idéalisme, cette « maladie » qui consisterait à être tellement obnubilé par une idée généreuse qu'on ne prendrait plus en compte la réalité. Comme toujours, l'écriture de Clément Bénech est superbe. Puissante comme un acide, elle décape les clichés, dissout les bons sentiments. Un roman drôle et bien vu, qui plaira sans doute davantage aux lecteurs de Michel Houellebecq qu'à ceux d'Annie Ernaux. Et qui prouve qu'il peut y avoir du Voltaire ou du Molière chez un jeune auteur contemporain. Un vrai dépaysement.
Patrick Williams
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« Pleine et douce », de Camille Froidevaux-Metterie (Sabine Wespieser Éditeur)
Philosophe, essayiste, penseuse experte de la condition féminine, Camille Froidevaux-Metterie passe au roman. Munie des outils de la fiction, elle continue de faire parler les femmes. Comme dans la Bible, tout commence avec Ève, un bébé livré aux soins prodigués par les douces mains de sa mère. Puis, suivant les branches d'une généalogie féminine, la parole passe à Stéphanie, sa maman célibataire qui a fait appel à la science pour tomber enceinte, puis à sa tante Lucie, avocate au bord de l'adultère, et à Laurence, l'aînée de la fratrie, soumise aux affres de la préménopause. Les plus jeunes, adolescentes et jeunes femmes, ont leurs premières règles, vivent leurs premiers abus, alors que la terrible matriarche, Nicole, s'enferre dans son traditionalisme, refusant de reconnaître l'inventivité joyeuse de sa descendance. Autour de ce gynécée plutôt désillusionné, des amies, des nounous, racontent à leur tour leurs vies de mères, d'amoureuses et d'amantes. Scrupuleux et attendri, le regard de Camille Froidevaux-Metterie fait la beauté de ce livre qui veut dresser le portrait kaléidoscopique des féminités contemporaines. Son charme comme sa limite découlent cependant du procédé qui tend à enfermer chacune dans un stéréotype : divorcée amère, ado anorexique, septuagénaire idéaliste, mère célibataire et dévouée… Un brin méthodique, ce roman aurait gagné à se libérer de la rigueur scientifique pour embrasser les incongruités de la créativité, mais parvient malgré tout à peindre un tableau touchant et juste de ces femmes attachées à la poursuite du bonheur.
Clémentine Goldszal
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Romans, livres pour les enfants et récits de vie… en février on dévore tout ce qui nous plaît. La preuve par 10.Hors de question de bafouer nos bonnes résolutions adoptées le mois dernier. Donc on continue d’allonger notre liste de livres à lire absolument. En panne d’inspiration ? On vous conseille une sélection de dix pépites littéraires qui raviront votre cœur de bookovore. Promis.Romans, polars et bandes dessinéesCe mois-ci, on élargit ses horizons et on pioche dans tous les genres. Romans, bandes-dessinées et récits personnels : vous n’aurez que l’embarras du choix. Alors n’attendez plus et misez sur les ouvrages qui vous semblent les plus captivants. Cap sur notre top 10, lu et approuvé par la rédaction.