Louise Bourgoin (« Anti-Squat », « Un métier sérieux ») : « Je ne cherche pas à séduire »
Malgré sa discrétion, elle est sur tous les fronts, au cinéma comme à la télévision. Mère célibataire obligée de faire un choix cornélien dans le film social « Anti-Squat », de Nicolas Silhol, elle incarne une prof submergée dans « Un métier sérieux », du réalisateur Thomas Lilti, qu'elle retrouvera pour la saison 3 de la célèbre série « Hippocrate ». A force de travail et d'audace, cette artiste complète et humble a su creuser son sillon dans le paysage cinématographique français.
Anti-Squat s'appuie sur une réalité sociale...
Il s'agit de la protection par occupation, un dispositif que je ne connaissais pas avant de lire le scénario de Nicolas Silhol. Ce système permet aux propriétaires de grands immeubles de confier leurs biens vacants à des organismes afin d'y loger des résidents temporaires. Ce qui, dans l'idée, fournit des hébergements pour les personnes en situation précaire. Mais les conditions de vie sont radicales et très contraignantes : on ne peut recevoir personne, on ne peut pas avoir d'enfant… Et comme on n'est pas locataire mais résident, il arrive que l'on vous expulse en une semaine. Finalement, cela précarise encore plus ; c'est un système assez inhumain. Dans le film, je joue une agente immobilière sans emploi qui accepte de gérer l'un de ces bâtiments et de faire respecter les règles.
À tel point qu'elle doit choisir entre le bien-être des résidents et celui de son fils...
Dans notre société, les mères célibataires figurent parmi les populations les plus précarisées. Mon personnage en est un exemple, car elle vit seule avec son ado, est menacée d'expulsion et court après un travail. Elle fait des choix glaçants pour les résidents, mais motivés par la nécessité de protéger son enfant. C'est humain. Elle aussi est victime du système. Elle s'en veut et souffre d'ailleurs du regard désapprobateur de son fils sur ses agissements. Porté par une flamme de révolte, il est à l'image...