Météo : les vergers de France risquent de perdre leurs récoltes face aux gelées qui s’intensifient

Cette photographie prise près de Vernou-sur-Brenne, dans le centre de la France, le 4 avril 2022, montre un arbre fruitier à côté de bougies allumées dans les vignes pour les protéger du gel dans le vignoble de Vouvray.
GUILLAUME SOUVANT / AFP Cette photographie prise près de Vernou-sur-Brenne, dans le centre de la France, le 4 avril 2022, montre un arbre fruitier à côté de bougies allumées dans les vignes pour les protéger du gel dans le vignoble de Vouvray.

AGRICULTURE - Dégringolade des températures et hausse des inquiétudes pour les agriculteurs. Les champs étaient gelés dans de nombreux départements de l’Hexagone ce vendredi 19 avril. Il faisait jusqu’à -3 degrés au petit matin dans les terres en Bretagne ou en Bourgogne-Franche-Comté.

Plus encore, il neige dans les Alpes et quelques flocons sont même tombés sur les Vosges. Le thermomètre affichait même -5 degrés à Saint-Crépin et -13,6 °C à Ristolas, dans les Hautes-Alpes, selon le météorologue Gaétan Heymes.

L’agroclimatologue Serge Zaka signale, lui, sur X cette photo « d’une beauté terrifiante » prise dans le Limousin montrant une nature gelée. « C’est également le cas en Armagnac, les vallées sud des Alpes et le Var », poursuit-il, ajoutant qu’il devrait continuer à geler en France pendant au moins une semaine. Météo France le confirme, indiquant dans son bulletin du 18 avril que les gelées matinales séviront jusqu’au début de la semaine prochaine « principalement dans les régions de l’Est ».

« L’air frais va débouler davantage en France à compter du week-end », prévient le météorologue Anthony Grillon sur X, avec dimanche « un risque de gel en progression et des après-midi bien frais ». Il évoque par ailleurs une température inférieure aux normales de saison « entre -4 et -5 °C » sur tout le territoire.

« Ils ont un mois d’avance sur leur développement »

Cet épisode de gel est préoccupant pour les maraîchers et viticulteurs, car il survient après une première quinzaine d’avril exceptionnellement douce dans l’Hexagone, où les plantes ont commencé à bourgeonner. Il y a quelques jours seulement, les températures étaient printanières, voire estivales. Il faisait ainsi 18 °C à l’Alpe du Huez lundi, tandis que Météo France constatait « des niveaux de température records sur l’Hexagone pendant le week-end des 12, 13 et 14 avril 2024 ».

« On ne sait plus trop quoi cultiver en fait. Moi j’ai des fruitiers, c’est très sujet au gel donc c’est assez stressant tout au long de l’année. On n’a jamais l’esprit serein », confie un arboriculteur de la Drôme à RMC. Pour anticiper cet épisode de gel et éviter de perdre sa future récolte, il avait consacré sa journée de jeudi à équiper ses 7 000 fruitiers de bougies antigel.

Les vergers français sont concernés, mais aussi ceux de toute l’Europe centrale, expliquait jeudi Serge Zaka. « Ces vergers subissent des records de chaleur depuis des semaines. Résultat ? Ils ont un mois d’avance sur leur développement et leur sensibilité au gel a été décuplée, indique-t-il sur son compte Twitter. Ce type de gel est classique en avril. Il n’y aura sûrement pas (ou peu) de records de froid. La problématique n’est pas le gel mais la douceur hivernale et printanière. »

« Faux printemps » et changement climatique

Plus problématique encore, ce phénomène se répète ces dernières années à mesure que le réchauffement climatique prend de l’ampleur. « Le problème du changement climatique c’est d’une part la diminution des gels (il y a de moins en moins de gels tardifs), mais aussi plus de départs de printemps tôt dans l’année », indiquait ainsi précédemment au HuffPost le climatologue Robert Vautard. Malheureusement, « les études montrent que l’apparition des “faux printemps” n’est pas compensée par la diminution des gels tardifs », précise-t-il.

Selon le scientifique, les « faux printemps » vont se poursuivre, laissant les plantes toujours aussi vulnérables en cas d’épisodes de gel en avril. Et face à un tel phénomène les agriculteurs manquent de solutions, en particulier pour les arboriculteurs et les vignerons : car si l'on peut, jusque dans une certaine mesure, décaler des semis, il n’est pas possible de maîtriser la floraison des arbres. À moins de planter de nouvelles essences, plus résistantes au changement climatique.

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