Météo : les vergers de France et d’Europe risquent de perdre leurs récoltes dans les prochains jours

Cette photographie prise près de Vernou-sur-Brenne, dans le centre de la France, le 4 avril 2022, montre un arbre fruitier à côté de bougies allumées dans les vignes pour les protéger du gel dans le vignoble de Vouvray.
GUILLAUME SOUVANT / AFP Cette photographie prise près de Vernou-sur-Brenne, dans le centre de la France, le 4 avril 2022, montre un arbre fruitier à côté de bougies allumées dans les vignes pour les protéger du gel dans le vignoble de Vouvray.

AGRICULTURE - Des températures qui font le grand écart. Plusieurs départements ont enregistré des gelées tôt ce matin du jeudi 18 avril. Le météorologue Guillaume Séchet signale notamment des gelées en Champagne Ardenne et en Lorraine. Plus encore, il neige dans les Alpes, avec des températures entre -4 et -2 °C ce matin à l’Alpe du Huez (Isère).

Un contraste frappant, lorsqu’il y a quelques jours seulement, les températures étaient printanières, voire estivales. Il faisait ainsi 18 °C à l’Alpe du Huez lundi, tandis que Météo France constatait « des niveaux de température records sur l’Hexagone pendant le week-end des 12, 13 et 14 avril 2024 ». Plus encore, selon les météorologues la première quinzaine d’avril 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée en France.

« On ne sait plus comment s’habiller », pourrait-on râler. Mais au-delà de ce problème de penderie, ce changement radical de température inquiète surtout les agriculteurs qui risquent de perdre leur récolte. Avec la chaleur précoce des dernières semaines les vergers ont commencé à bourgeonner. Ce « faux printemps » pourrait s’avérer fatal avec ces gelées qui reprennent de plus belle en cette fin de semaine.

« Ils ont un mois d’avance sur leur développement »

« On ne sait plus trop quoi cultiver en fait. Moi j’ai des fruitiers, c’est très sujet au gel donc c’est assez stressant tout au long de l’année. On n’a jamais l’esprit serein », confie un arboriculteur de la Drôme à RMC. Pour anticiper cet épisode de gel et éviter de perdre sa future récolte, il consacre la journée de ce jeudi à équiper ses 7 000 fruitiers de bougies antigel. Un défi à accomplir avant cette nuit, où les températures doivent dégringoler.

Les vergers français sont concernés, mais aussi ceux de toute l’Europe centrale, relève l’agrométéorologue Serge Zaka. « Ces vergers subissent des records de chaleur depuis des semaines. Résultat ? Ils ont un mois d’avance sur leur développement et leur sensibilité au gel a été décuplée, indique-t-il sur son compte Twitter. Ce type de gel est classique en avril. Il n’y aura sûrement pas (ou peu) de records de froid. La problématique n’est pas le gel mais la douceur hivernale et printanière. »

« Faux printemps » et changement climatique

Plus problématique encore, ce phénomène se répète ces dernières années à mesure que le réchauffement climatique prend de l’ampleur. « Le problème du changement climatique c’est d’une part la diminution des gels (il y a de moins en moins de gels tardifs), mais aussi plus de départs de printemps tôt dans l’année », indiquait ainsi précédemment au HuffPost le climatologue Robert Vautard. Malheureusement, « les études montrent que l’apparition des “faux printemps” n’est pas compensée par la diminution des gels tardifs », précise-t-il.

Selon le scientifique, les « faux printemps » vont se poursuivre, laissant les plantes toujours aussi vulnérables en cas d’épisodes de gel en avril. Et face à un tel phénomène les agriculteurs manquent de solutions, en particulier pour les arboriculteurs et les vignerons : car si l'on peut, jusque dans une certaine mesure, décaler des semis, il n’est pas possible de maîtriser la floraison des arbres. À moins de planter de nouvelles essences, plus résistantes au changement climatique.

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