Le malade imaginaire vu par un psychanalyste

Argan se réjouit de venir consulter un nouveau thérapeute à l’occasion du Festival Molière*, dans les salles de cinéma, avec la troupe de la Comédie-Française.

Veuf depuis peu et remarié à l'infâme Béline, qui n'aime que sa grande fortune, avare, adepte des clystères (le nom des lavements à l'époque de Molière) et autres saignées, Argan est le Serge Lama du xviie siècle. « Je suis “maladeuh”, complètement “maladeuh” ! » est sa ritournelle préférée, qu'il chante à longueur de journée à une cour de médecins composée essentiellement de charlatans. Notre ordonnance ? Une thérapie matin, midi et soir !

Être une huile selon Argan

Un homme en mal d'amour : voilà comment nous apparaît d'emblée le malade imaginaire, à l'instar de nombreux de ses comparses créés par Molière. Quoi de plus normal lorsque l'on sait que Jean-Baptiste Poquelin a perdu sa mère tant aimée à l'âge de 10 ans ? Et, à l'image du père du dramaturge, Argan, veuf, va se remarier trop vite pour éviter d'être seul. Son hypocondrie manifeste et répétée traduit une carence affective. Il essaie d'obtenir des soins de la part des médecins, perçus ici comme de véritables substituts maternels.

L'hypocondriaque est un adulte qui redevient un bébé. On comprend alors mieux l'humour scatologique et les allusions incessantes aux selles, aux purges, y compris dans le nom, qui ne doit rien au hasard, du médecin Diafoirus – foria en latin désigne la diarrhée. On ignore, dans la pièce, si Argan est orphelin de mère, mais on sait qu'il a perdu sa femme. L'hypocondrie, véritable maladie en soi, est une névrose qui...

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