Manger 50 % de viande en moins pour sauver la planète ? Ce que dit cette étude choc du RAC
ENVIRONNEMENT - Et si le végétarisme était LA solution pour atteindre les objectifs climatiques de la France ? C’est en tout cas ce que suggère, à première lecture, une étude choc, réalisée par Réseau Action Climat, qui fédère des associations environnementales, et la Société Française de Nutrition, parue ce mardi 20 février.
D’après les auteurs de ce rapport, si chaque Français consommait 450 grammes de viande maximum par semaine, contre 900 grammes actuellement, cela permettrait une réduction d’au moins 50 % de nos gaz à effet de serre à horizon 2050. Une baisse importante, et nécessaire, alors que l’agriculture est le deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre en France, dont 60 % sont issus de l’élevage, selon le dernier rapport du Haut Conseil pour le climat.
Même sans viande, la France est loin de la neutralité carbone
Mais malheureusement, même en divisant par deux notre consommation de viande nous n’atteindrions pas l’objectif climatique de la France, fixé dans le cadre de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), qui vise la « neutralité carbone » d’ici 2050, soit une absence totale de génération de gaz à effet de serre.
En effet, Benoit Granier, responsable alimentation du Réseau Action Climat, reformule au HuffPost la conclusion de cette étude : « réduire de 50 % la consommation de viande permettrait d’atteindre les objectifs climatiques français du secteur agricole », et non pas donc, de tous les secteurs confondus.
« Dans la SNBC, la stratégie de neutralité carbone est déclinée par secteur, et pour l’agriculture l’objectif est une baisse de 46 % d’ici 2050 », précise-t-il. Ce détail a toute son importance car le transport (environ de 30 % de nos émissions de CO2), l’énergie (11 %) ou encore l’industrie (18 %) constituent, eux aussi, des pôles très importants d’émissions de gaz à effet de serre qui réchauffent la planète.
Une préconisation déjà formulée par des chercheurs
Cela ne veut pas dire que l’étude n’est pas intéressante, bien au contraire. Le Haut Conseil pour le Climat arrivait d’ailleurs peu ou prou à la même conclusion que cette étude dans un rapport paru le 25 janvier. Il estimait qu’une réduction de 50 % des émissions du secteur agricole était indispensable à la transition énergétique, et réalisable à condition de diminuer de « 30 % la consommation de produits d’origine animale ».
« Modérer la consommation de viande réduit la pression sur l’utilisation des terres et sur l’eau, ce qui réduit la vulnérabilité par rapport aux impacts du changement climatique », résumait, quant à elle, Valérie Masson Delmotte, paléoclimatologue et ancienne coprésidente du groupe 1 du Giec, dans un thread publié sur X en septembre dernier.
Mais un excès de consommation de viande rouge et de viandes transformées est associée à une augmentation du risque de maladies (cancers, maladies cardiovasculaires, diabète). La cuisson à température élevée (grillade, friture, barbecue...) produit des composés toxiques.
10/...— Dr Valérie Masson-Delmotte @valmasdel.bsky.social (@valmasdel) September 7, 2023
La chercheuse poursuivait sur l’importance de faire évoluer les pratiques alimentaires pour diminuer la consommation de viande, « et notamment de ruminants ». Le volet évolution des consommations est justement très détaillé dans l’étude de Réseau Action Climat et de la SFN, qui s’est basée sur les recommandations alimentaires dans une vingtaine de pays et une modélisation de régimes alimentaires conciliant nutrition et de climat pour imaginer l’alimentation de demain.
La viande rouge n’est pas la seule incriminée
Les diètes suggérées par l’étude comprennent « davantage de fruits et légumes, de légumineuses, de fruits à coque et de produits céréaliers complets qu’aujourd’hui, avec une consommation modérée d’œufs et de produits laitiers, et une forte diminution des produits gras, sucrés et/ou salés ».
Pour vous aider à visualiser les transformations à appliquer à votre alimentation, vous pouvez consulter le tableau ci-dessous, qui compare une diète d’un Français moyen en 2015, avec deux diètes modélisées pour cette étude pour atteindre l’objectif d’un régime alimentaire deux fois moins carné en 2050. Si l’on prend, par exemple, le scénario 2, un individu devrait ainsi manger 62 grammes de viande par jour, contre 124 grammes en 2015. Il devrait aussi ingérer 1 produit laitier en moins. En revanche, le régime plus écolo contient 100 grammes de plus de légumes quotidiennement, et davantage de poissons.
Autre constat de ces scénarios : il ne faut pas réduire uniquement la viande rouge dans notre assiette « mais bien l’ensemble des viandes incluant les volailles (poulet, canard, etc.) », ou encore la charcuterie, souligne les auteurs. Aujourd’hui, le Programme National Nutrition Santé (PNNS), recommande un maximum de 650 grammes de viande rouge hebdomadaire, sans prendre en compte la volaille, déplore les auteurs. Ils appellent donc les pouvoirs publics à fixer « une quantité maximale de consommation à l’ensemble des viandes » cohérente à l’indispensable réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.
À voir également sur Le HuffPost :