Mati Diop (« Dahomey ») : « Il y a en France un déni pathologique de l’histoire coloniale »

Mati Diop est une voix qui va compter durablement dans le cinéma contemporain, c’est une évidence quand vous la rencontrez. La précision politique de ses réponses est aussi aiguisée que la puissance de sa mise en scène. En deux films - la fiction « Atlantique », le documentaire « Dahomey », elle a remporté le Grand prix du Festival de Cannes en 2019 et l’Ours d’or du Festival de Berlin en 2024. « Avant même l’annonce du retour des trésors royaux, en 2021, j’envisageais déjà de consacrer un film à la question de la restitution, plutôt une fiction. Je voulais que ce soit un masque africain qui raconte son histoire à la première personne, de son pillage à sa restitution dans un futur lointain, en 2070 », explique-t-elle, dans un sourire.

L’énigme du retour, pour paraphraser le titre d’un roman merveilleux de l’écrivain haïtien Dany Laferrière est un sujet qui irrigue son cinéma. « Ce retour, c’est aussi un processus que j’ai entrepris vers mes origines africaines. Je suis née à Paris, je suis française, mais je suis aussi sénégalaise. Depuis 2008, j’ai choisi d’engager mon cinéma à Dakar, confie la nièce du regretté réalisateur Djibril Diop Mambety (« Touki Bouki »), indépendamment de la question politique, c’est quelque chose qui résonne très intimement chez moi. »

« Le cinéma doit s’emparer de ce qu’il considère comme historique »

Dès l’annonce de la restitution de 26 trésors royaux au Bénin, elle décide de se lancer dans l’écriture et la production de « Dahomey ». « L’i...


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