"Nous ne sommes pas un tribunal" : la France insoumise se justifie après la lettre ouverte de Taha Bouhafs

"Nous ne sommes pas un tribunal" : la France insoumise se justifie après la lettre ouverte de Taha Bouhafs

Le mouvement, mis en cause par Taha Bouhafs après son retrait des législatives pour des accusations de violences sexuelles, riposte. "Nous ne nous reconnaissons pas dans sa version", explique le parti tout en disant "entendre sa démarche" et "la prendre en compte".

Une réponse pour tenter d'en finir. Éphémère candidat aux législatives, Taha Bouhafs a pris la parole ce mardi dans une lettre ouverte diffusée sur les réseaux sociaux, un peu moins de deux mois après avoir été accusé de violences sexuelles, entraînant l'ouverture d'une enquête interne au sein de La France insoumise. Le jeune homme dit "ignorer" ce dont on l'accuse et n'avoir "jamais été confronté aux accusations".

"Nous ne nous reconnaissons pas dans sa version d’une partie des faits (...). Que Taha Bouhafs souhaite pouvoir se défendre, nous le comprenons parfaitement. Nous ne pouvons cependant lui transmettre les informations envoyées à la cellule car nous respectons la volonté d’anonymat des plaignantes. Nous ne pouvons organiser une confrontation pour ces mêmes raisons", lui répond le parti dans un communiqué de presse.

"Nous ne sommes pas un tribunal"

L'ex-candidat LFI de la 14e circonscription du Rhône, avait retiré sa candidature le 10 mai dernier, avant que, le lendemain, le mouvement ne justifie ce retrait par des soupçons d'agressions sexuelles. Mi-mai, le comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles du mouvement, saisi "d’un témoignage relatant des faits supposés de violences sexuelles", assurait que le jeune homme avait "été confronté aux accusations dont il faisait l’objet".

L'intéressé dément cette version et réclame, après "plusieurs relances internes", une procédure juste et équitable" "pour savoir" ce qu'on lui "reproche exactement".

"Nous ne sommes pas un tribunal, nous sommes une organisation politique dont les décisions en matière de violences sexistes et sexuelles relèvent de la précaution et de la protection des membres de notre mouvement et non pas d’une décision de justice à laquelle nous ne pourrons jamais nous substituer", avance la France insoumise, qui ajoute que "Taha Bouhafs pourra être entendu par nos instances".

"Nos modalités de fonctionnement sont perfectibles"

Le parti évoque dans ces lignes désormais "deux signalements susceptibles d’être caractérisés comme des accusations graves d’agressions sexuelles". Avant de longuement se justifier sur la méthode employée alors que l'ex candidat assure ne pas "vouloir que l’affaire soit étouffée, oubliée".

"Nos modalités de fonctionnement pour répondre aux nouveaux défis nés de ce besoin d’écoute et de sanctions, alors que la justice peine tant à faire son travail (...) sont évidemment perfectibles tant elles répondent à des défis nouveaux. Si la société fonctionnait parfaitement pour faire reculer ses violences, nous ne serions pas obligés de prendre nous-mêmes de telles mesures internes", se justifie le communiqué de presse, semblant esquisser un timide mea culpa.

Le parti veut également défendre la députée Clémentine Autain, mise nommément en cause par le journaliste du Média. Il affirme dans sa lettre ouverte que c'est elle qui lui a proposé d’annoncer qu’il retirait sa candidature aux législatives "à cause des attaques racistes" et non des accusations de violence sexuelle.

"Le soir de cet échange (entre Clémentine Autain et Taha Bouhafs, ndlr), le seul engagement pris fut de ne pas rendre publics les faits pour la raison que les plaignantes souhaitaient garder l’anonymat. Taha Bouhafs s’est retiré. Nous en avons pris acte sans communiquer publiquement à ce sujet, en veillant à protéger la confidentialité souhaitée par les femmes mais aussi pour ne pas jeter publiquement une accusation contre un homme sans qu’il puisse se défendre dans une procédure contradictoire", répond encore le parti.

"Nous cherchons la voie la plus juste"

Le retour de l'affaire Taha Bouhafs arrive au pire moment pour les insoumis. Éric Coquerel, tout juste élu président de la commission des finances jeudi dernier, est mis en cause pour des faits de harcèlement sexuel par Sophie Tissier. Cette ancienne figure des gilets jaunes a porté plainte ce lundi, après avoir fait l'objet d'un signalement auprès du comité interne contre les violences sexuelles et sexistes.

"Évidemment, les autres organisations politiques qui n’ont aucune procédure dans ce domaine ne risquent pas d’être mises devant toutes les difficultés que posent le règlement de telles situations ! Nous cherchons la voie la plus juste et la plus efficace", se justifie encore le mouvement.

Clémentine Autain lui a répondu sur son compte Twitter, jugeant que sa lettre ouverte "déforme la réalité" de leurs échanges, tout en refusant d'ouvrir "la boîte de Pandore à polémiques sur chaque point" soulevé par l'ancien candidat.

Article original publié sur BFMTV.com

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