Christophe Brusset : "Avec un décès sur cinq, la malbouffe est la première cause de mortalité au monde"

Après plus de vingt ans à travailler dans l’industrie agroalimentaire comme ingénieur, trader ou encore directeur des achats, Christophe Brusset continue de lever le voile sur les pratiques parfois douteuses des industriels avec son quatrième ouvrage : La Malbouffe contre-attaque (Ed.Flammarion).

Apparue dans les années 40-50 aux États-Unis, la notion de malbouffe fait référence à la nourriture peu équilibrée, ultratransformée, riche en additifs et ne respectant pas l’environnement. Véritable fléau planétaire, la malbouffe est notamment responsable de l’obésité, dont les cas ont triplé depuis les années 70, mais elle est surtout vecteur de nombreuses maladies chroniques comme le diabète de type 2 ou encore la maladie de NASH.

Le nombre de cirrhose a été multiplié par dix à cause de la malbouffe

Également appelée maladie du foie gras, la stéato-hépatite non alcoolique est en réalité une cirrhose se déclarant sans même avoir consommer d’alcool. Elle se déclare suite à l’accumulation de graisse dans le foie liée à de mauvaises habitudes alimentaires. Souvent détectée trop tard, elle devrait devenir la première cause de greffe de foie dans le monde ces prochaines années.

Après deux ans d’enquête, Christophe Brusset a eu la surprise de découvrir que des maladies du passé, notamment le scorbut ou la goutte, qu’on croyait disparus, faisaient aujourd’hui leur grand retour. La raison ? Les produits industriels étant dénués de vitamines, les consommer en trop grande quantité provoque des carences en vitamines C.

"Les pires produits de la malbouffe, ce sont les sodas"

Plus encore que le gras et le sel, le principal problème est le sucre, notamment le fructose, très présent dans les confiseries et les sodas. Abondant et peu cher, le sucre est très addictif et se retrouve dans presque tous les produits issus de l’industrie agro-alimentaire. C’est d’ailleurs sur ces produits là que les autorités luttent en priorité pour contrer les effets néfastes de la malbouffe sur les plus jeunes, notamment avec la mise en place d’une taxe soda. Par exemple, aux États-Unis à Philadelphie, cette taxe est tellement élevée que le prix des boissons sucrées a quasiment doublé.

Vidéo. Christophe Brusset : "Les pires produits de la malbouffe sont les sodas"

La viande transformée est cancérigène

Présents dans tous les aliments ultra-transformés en très faible quantité, les additifs sont présentés par les industriels comme quelque chose d’infime et d’inoffensif. Un discours rassurant qui s’avère mensonger. "Dans ces additifs, vous avez 700 molécules et on a aucune idée de comment elles réagissent une fois mélangées. On s’aperçoit aussi que des additifs qui étaient autorisés à une époque sont interdits ensuite."

Dernièrement, l’OMS a reconnu la viande transformée comme cancérigène certain, en réalisant un lien direct avec la présence de nitrates et nitrites dans ces produits. Début 2022, le texte initial d’une loi visait à les faire interdire progressivement dès 2023. Mais les modifications faites par l’assemblée nationale, en lien direct avec le ministre de l’agriculture, ne mèneront finalement qu’à une diminution de leur utilisation.

Vidéo. "On dit que les additifs sont sans danger mais c'est faux"

Peut-on compter sur le bio pour manger mieux ? Pas sûr

À travers son enquête La Malbouffe contre-attaque (Ed.Flammarion), Christophe Brusset a été confronté à l’idée reçue que les produits bio étaient meilleurs pour la santé que les produits conventionnels, alors qu’il n’en est rien. "On peut avoir autant de malbouffe dans les produits bio que dans les autres, ce n’est pas parce que c’est bio que c’est meilleur, c’est réellement la composition et la recette qu’il faut regarder. Il ne faut pas être "Nutrition Blind", aveugle à la nutrition, en considérant que tous les produits bio ou équitables sont des bons produits, ce n’est absolument pas vrai."

De plus, le cahier des charges du bio souffre, selon lui, d'un manque de cohérence et d’exigence. Il est par exemple possible de produire dans une même ferme du bio et du conventionnel, ce qui ne garantit pas que les produits chimiques appliqués soient correctement utilisés, surtout quand on sait que la principale fraude en agriculture biologique vient des engrais de synthèse, presque impossible à détecter.

Vidéo. Christophe Brusset : "Il y a autant de malbouffe dans le bio"

Interview : Carmen Barba

Texte : Alexis Lahache

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