Le « Pan Project », ce défi TikTok qui incite à stopper sa surconsommation de produits de beauté
SURCONSOMMATION - Crèmes de jour, sérums, fonds de teint, fards à paupières, rouges à lèvres… Combien de ces produits achetés ces dernières années s’accumulent aujourd’hui dans vos tiroirs de salle de bains alors qu’ils sont parfois à peine entamés ?
Si votre réponse est « beaucoup trop », alors peut-être serez-vous intéressé par ce challenge qui vous met au défi de terminer tous vos produits de beauté avant d’en racheter de nouveaux. Son nom ? Le « Project Pan ».
Prendre conscience de sa surconsommation
Apparu sur les réseaux sociaux il y a quelques années, ce défi est cette année particulièrement suivi sur TikTok, où le hashtag a occasionné près de 32 000 occurrences depuis le début de 2025. Il tire son nom du mot anglais « pan », la petite pastille métallique que l’on retrouve sous la poudre des fards à paupières et autres fonds de teint compacts. Pour les « panners » (le nom de la communauté relevant le challenge du Project Pan), il s’agit donc de désencombrer leurs tiroirs en allant jusqu’au bout des produits qu’ils ont achetés.
Une logique antigaspillage salutaire, quand on sait que la majorité des produits cosmétiques que l’on achète finissent à la poubelle, parfois sans qu’on les ait jamais utilisés. Selon une étude Ifop réalisée en 2021 pour la marque de soins Laboté et relayée par Libération, 46 % des Françaises interrogées déclarent ainsi avoir déjà jeté un produit sans le terminer.
Et même si les raisons invoquées sont parfois légitimes (inadéquation du produit, allergies ou irritations, manque d’efficacité, parfum ou goût déplaisant), force est de constater que c’est surtout l’attrait constant de la nouveauté, boosté par la publicité et les réseaux sociaux, qui nous incite à emmagasiner plus de produits de beauté que notre peau ou notre corps n’en ont besoin pour toute une année.
De plus en plus conscients de cette surconsommation, qui a un impact sur le budget comme sur sur les ressources de notre planète, ceux (et surtout celles) qui relèvent le challenge du Project Pan sont bien décidés à développer de nouvelles habitudes. L’utilisatrice du réseau social Melissatraveler reconnaît ainsi avoir un « petit souci de surconsommation », et compte sur le challenge pour développer une approche plus vertueuse en diminuant sa consommation de produits de soin et de maquillage.
Finir un produit entamé, une démarche satisfaisante
« On achète, on achète, on achète », pour ne finalement « n’utiliser qu’un peu ce produit, un peu celui-là », avoue également l’internaute myrabelleeee_ dans une vidéo postée sur TikTok en novembre dernier. Elle y assure qu’il n’y a d’ailleurs « rien de plus satisfaisant à terminer ses produits ».
Interrogé en 2021 par la version américaine de Vogue, le Dr Regan Gurung, psychologue sociale et directrice du programme de psychologie générale à l’université d’État de l’Oregon reconnaissait elle aussi que terminer quelque chose, même un produit de consommation « procure un sentiment de petite victoire, un accomplissement relativement facile à satisfaire ».
En réalité, venir à bout d’un produit en relevant le challenge apporte une sensation de bien-être, explique la psychologue. En cause ? La libération de dopamine dans le cerveau, aussi connue sous le nom de « molécule du plaisir ». C’est aussi cette fameuse hormone qui est produite par nos neurones lorsque nous achetons un nouveau produit, du maquillage ou un vêtement, par exemple.
Selon Dr Gurung, notre cerveau est programmé pour réagir au changement, et cela, les marques l’ont bien compris. « Ainsi, chaque fois que nous faisons la même chose, que nous utilisons le même déodorant, le même maquillage pendant une longue période, il perd les qualités gratifiantes qu’il avait autrefois pour nous. » D’où notre envie de tester, encore et encore, de nouveaux produits et donc d’effectuer de nouveaux achats.
Relever le Project Pan permettrait donc de remplacer une sensation de bien-être (acheter) par une autre (terminer un produit), et cela est évidemment meilleur pour la planète. Mais, comme le rappelle la journaliste Laura Yan pour Vogue, relever ce défi ne mettra pas un terme à la surconsommation, et donc au gaspillage dans l’industrie de la beauté. Il faudrait pour cela que les marques elles-mêmes fassent leur examen de conscience en arrêtant de proposer toujours plus de nouveautés et d'en faire la promotion à coups de « campagnes marketing agressives visant à créer le besoin ».
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