La Pause Simone : Peut-on être féministe et être une “allumeuse“ ?

Je me souviens de m’être moqué d’elle. Au lycée, elle était ma copine et, pourtant, je me souviens de m’être moqué d’elle quand on m’a montré une photo de soirée où, parce qu’elle était dans les vapes à cause de l’alcool, des garçons en avaient profité pour coller leur sexe contre son visage et immortaliser leurs “bifles“ à travers quelques clichés. Je me rappelle avoir demandé “pourquoi est-ce qu’elle se met dans des états pareils, aussi ?“, avoir expliqué qu’elle aurait dû faire attention à sa consommation parce que “quand t’es une meuf, tu peux pas être bourrée comme ça, ou sinon faut pas s’étonner qu’il t’arrive des trucs de merde“. À la même époque, je jugeais certaines filles que je trouvais “trop sexy“, je leur reprochais (surtout secrètement) de “chauffer les mecs“, notamment ceux que je désirais moi-même mais avec lesquels j’étais bien incapable d’entreprendre quoi que ce soit de concret. Oui, au collège, au lycée, et sans doute quelques années après le bac, j’ai pratiqué le slut-shaming, c’est-à-dire que j’ai “accusé des filles d’être des séductrices, des allumeuses“, parce que chez moi, comme chez de nombreuses femmes, “le désir de séduire est né en même temps que la honte de séduire“. Ces mots que je place entre guillemets proviennent d’un essai, passionnant, brillant, ô combien important, Allumeuse - Genèse d’un mythe, qui vient de paraître au Seuil sous la plume de la journaliste et philosophe Christine Van Geen. À l’heure où les hommes “ne savent plus comment draguer (...)

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