Pomme dénonce le milieu de la musique : "De mes 15 à mes 17 ans, j’ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement"

French singer and musician Claire Pommet aka Pomme, poses during a photo session on February 3, 2020. (Photo by Martin BUREAU / AFP) (Photo by MARTIN BUREAU/AFP via Getty Images)
French singer and musician Claire Pommet aka Pomme, poses during a photo session on February 3, 2020. (Photo by Martin BUREAU / AFP) (Photo by MARTIN BUREAU/AFP via Getty Images)

Tous les univers ont été touchés par le mouvement #MeToo et la musique ne fait pas exception. Pomme, invitée ce samedi 5 novembre sur le plateau de la Star Academy, fait partie des celles qui ont dénoncé les violences subies. Des mots difficiles, mais nécessaires pour éviter que ce genre d'action ne se reproduise.

De Coeur de Pirate à Barbara Pravi, de nombreuses artistes se sont exprimées au fil des années au sujet du harcèlement moral et sexuel auquel elles ont été confrontées dans le monde de la musique. Le milieu du showbusiness a été particulièrement pointé du doigt depuis le début du mouvement #MeToo, sans doute puisqu'il est tant médiatisé. Mais pour les concerné·e·s, prendre la parole sur de tels sujets est toujours difficile.

Vidéo. La chanteuse Pomme raconte d'où vient son pseudo

La lettre ouverte poignante de Pomme

En 2021, c'est à l'écrit que la jeune chanteuse Pomme a décidé de raconter son histoire. Il faut dire que la jeune femme était encore mineure à l'époque des faits, ainsi qu'elle l'a expliqué dans une lettre ouverte publiée juste avant les "Victoires de la musique", dans les colonnes de Médiapart, et dans laquelle elle décrit son “arrivée dans l’industrie de la musique” comme “traumatisante”. "De mes 15 à mes 17 ans, j’ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement, sans en avoir conscience à cette époque évidemment. J’ai été l’objet de quelqu’un, façonnée selon ses fantasmes et déviances psychologiques", écrit-elle.

Des violences qui sont passées par une absence de choix à bien des niveaux, des critiques, des humiliations... Bref, des choses qui ne sont pas sans rappeler ce qu'a pu subir Britney Spears à l'époque de sa tutelle : "Je ne choisissais rien de ma vie (comportements, fréquentations), ni de mon apparence (vêtements, maquillage, épilation), ni de la direction artistique de mon propre projet musical naissant à l’époque."

Elle veut prendre la parole pour ne plus que le silence règne

Aujourd'hui, Pomme en a conscience : "J’ai été manipulée jusqu’à en perdre totalement confiance en moi, confiance si fébrile à cet âge-là. Être un adulte de 30 ans face à une adolescente de 16 ans et la briser. Réussir à lui faire croire qu’elle est le problème, en la sexualisant, en la rabaissant, en la contrôlant. Partir en marchant à pieds joints sur les débris d’une santé mentale détruite. Ne plus jamais donner de nouvelles."

Son passage à la "Star Academy", avec de jeunes artistes qui s'apprêtent à débuter dans le monde du showbusiness, est tout sauf anodin. Elle devrait être en mesure de leur donner des conseils pour ne pas qu'ils et elles tombent dans les mêmes pièges qu'elle par le passé. "De là où je suis, j’ai décidé de dire les choses. De ne plus laisser régner la peur, la peur de quoi, je sais même pas", confiait-elle à Médiapart. Un acte nécessaire pour rendre le milieu du showbusiness plus sécurisé pour les femmes, et les jeunes artistes en général.

Récemment, c'est d'ailleurs dans une nouvelle lettre écrite à l'ado qu'elle était que Pomme est revenue sur cette période difficile : "Si je pouvais, je voudrais un instant, un tout petit instant, pour serrer dans mes bras ton corps minuscule et brisé de l’année 2014-2015, parce que tu t’en rends pas compte, toi, mais tu es complètement brisée et tu fais croire que tu peux affronter ça seule, tu comprends même pas ce qui cloche. Tu veux toujours croire que tu n’as besoin de personne", regrette-t-elle avant de préciser : "Mais maintenant, j’apprends à me respecter, à accepter les limites de ce que mon corps et ma tête peuvent faire, j’essaie en tout cas. Le perfectionnisme qui te détruisait habite encore quelque part dans mon ventre, mais je sais lui dire de se calmer, de fermer sa grande bouche et de dormir quand j’en ai marre." Une belle avancée, même si elle avoue se sentir dépassée par "le sexisme, le racisme, les inégalités et la discrimination, tout ce qui va mal en 2022." Preuve que le combat n'est pas encore terminé.

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