Simuler, c'est tromper ? "Non, c'est de l'auto-encouragement"

Faute de prendre du plaisir au lit, les femmes ont souvent simulé leurs orgasmes pour de mauvaises raisons : ne pas vexer leur partenaire, en finir avec un rapport trop long... Mais à l'heure de la libération sexuelle, certaines l'affirment : elles simulent encore, et elles l'assument. Mais pas pour des raisons négatives.

Deux femmes sur trois ont déjà simulé un orgasme. Ce chiffre peu glorieux est le résultat d'une étude Ifop pour le site Online Seduction, publiée en 2019. Ce n'est pas un secret : les femmes cisgenres hétérosexuelles ont toujours eu plus de mal à jouir dans le cadre d'un rapport pénétratif : une majorité d'entre elles ont en effet des difficultés à atteindre la jouissance sans une stimulation externe du clitoris. Résultat : certaines choisissent de simuler un orgasme. Mais pourquoi ?

De bonnes et de mauvaises raisons de simuler un orgasme

Si les femmes simulent, c'est à cause des hommes. C'est ce que constatent trois études compilées fin janvier 2022 dans la revue Social Psychological and Personality Science. Au-delà du fait que leur partenaire n'arrive pas à les faire jouir (ce qui est un autre problème), les habituées de la simulation agissent de la sorte en grande majorité pour ne pas vexer la personne qui partage leur lit.

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Selon Jessica Jordan, autrice de cette étude : "Les femmes font passer les besoins de leur partenaire avant leurs propres besoins et leur propre satisfaction. Si elles pensent que ce dernier va être vexé qu'elles n'aient pas joui, elles préfèrent simuler." Toutefois, éviter de froisser l'ego fragile d'un homme n'est pas la seule raison qui pousse les femmes à simuler une petite mort. Pour certaines d'entre elles, c'est aussi une bonne façon de faire grimper l'excitation.

"La simulation est aussi excitante pour moi que mon partenaire"

Bisexuelle, Ally confirme qu'elle n'a "jamais eu à faire ça avec une femme". Mais lorsqu'elle couche avec un homme, il n'est pas rare qu'elle simule, non pas par peur de le froisser, mais pour faire grimper la température. "Je trouve qu'utiliser la simulation peut être très excitant, autant pour moi que pour mon partenaire, donc je n'hésite pas à m'en servir pour nous deux." Mais d'où vient cette excitation, au juste ? Pour la trentenaire, c'est une question de son. "Quand je vivais à Berlin, j'entendais souvent mes voisins faire l'amour et rien que le bruit m'excitait. D'ailleurs, je peux être totalement excitée rien qu'en entendant des gémissements." Le fait de gémir et de faire du bruit lui permet donc de faire grimper sa propre excitation, et celle de son partenaire dans la foulée.

Léa fonctionne exactement de la même façon. "Je déteste les gens silencieux au lit. J'ai besoin de mots, de bruits, de soupirs. En faisant du bruit, j'encourage la personne qui partage mon lit à faire la même chose, et ça va m'aider à prendre encore plus mon pied. En gros, on peut dire que je simule pour ne pas avoir à simuler. Je ne sais pas si ça aura du sens pour tout le monde, mais ça fonctionne pour moi, donc je continue."

"En fait, le problème, c'est le mot simuler"

Peut-être faudrait-il en réalité faire une différence entre simuler le plaisir et simuler un orgasme. Pour Valéria, le problème vient du mot. "Je n'aime pas ce mot, simuler, parce qu'il a un côté très négatif. Alors qu'en réalité, il s'agit plus d'une sorte d'auto-encouragement, ou d'exagération du plaisir qui est déjà présent." En effet, pour la jeune femme, pas question de faire semblant si elle ne prend pas déjà du plaisir. "L'idée n'est pas de mentir à mon partenaire, ça c'est juste le meilleur moyen de ne jamais avoir d'orgasme. Je ne fais qu'amplifier ce que je ressens déjà."

Même son de cloche chez Marie, 43 ans, qui estime que c'est d'ailleurs le nerf de la guerre : "Simuler un orgasme ou un plaisir inexistant ne sert à rien. En revanche, le fait d'exagérer permet de tout rendre meilleur. Comme je fais du bruit, mon cerveau et mon corps se disent : "Elle kiffe, on va la faire kiffer encore plus". Et du côté de mon partenaire, c'est un excellent encouragement. Ça lui montre que c'est le moment de tout donner !" Un bon moyen de faire passer un message, en somme.

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