Prendre en photo ses parties génitales pour détecter les IST grâce à l’IA ? La très mauvaise idée de cette appli

Publicité pour l’application Calmara, qui se présente comme pouvant identifier les infections sexuellement transmissibles en une seule photo grâce à l’intelligence artificielle.
https://www.calmara.ai/ Publicité pour l’application Calmara, qui se présente comme pouvant identifier les infections sexuellement transmissibles en une seule photo grâce à l’intelligence artificielle.

SANTÉ - Repérer les infections sexuellement transmissibles en moins d’une minute grâce à la caméra de son téléphone : c’est la promesse de Calmara, une application américaine qui se présente comme le Snapchat des IST. D’après leurs publicités, il suffirait de prendre une photo des parties génitales qui vous inquiètent, et « l’intelligence artificielle se chargera du reste ».

Sur son site aux couleurs pastel, Calmara explique entre deux émojis aubergine que l’application ne marche que sur les pénis, plus particulièrement ceux avec des « taches suspectes », telles que des lésions ou des rougeurs. Calmara prétend également pouvoir identifier « plus de 10 sortes de problèmes de santé », grâce à une IA « fiable jusqu’à 94.4 % ».

Une stratégie marketing ciblant la Gen Z

Derrière ses slogans accrocheurs qui visent très clairement les jeunes adultes, Calmara semble pourtant oublier que de nombreuses IST sont asymptomatiques… Et sont donc impossibles à identifier avec une simple photo. Contactée par le média TechCrunch, la cofondatrice et CEO de l’application, Mei-Ling Lu, se justifie en expliquant que « Calmara est un produit lifestyle, non pas une application médicale », et que son but est « d’ouvrir le dialogue sur les tests IST ».

Cependant, le site de Calmara contredit les propos de sa CEO : l’application se présente comme « une astuce pour économiser », basée sur une IA « conçue par des docteurs » dont les résultats permettent de donner le feu vert pour un rapport sexuel. Ce n’est que plus bas sur le site que l’on apprend que Calmara n’est en réalité qu’une première étape, qui doit être suivie d’un rendez-vous médical.

Peu fiable et pas du tout intime

Calmara n’est pas la première application de ce genre : c’est en réalité un dérivé de HeHealth, créée en 2019, dont Mei-Ling Lu est également cofondatrice. Questions préliminaires, photo de pénis puis diagnostic par une IA, HeHealth fonctionne comme Calmara, à cela près que l’application propose un diagnostic payant par un docteur.

Les deux applications partagent cependant le même problème monstre - celui de la protection des données personnelles. Si Calmara assure que les photos disparaissent une fois les résultats obtenus, sa politique de confidentialité indique que les informations qu’elle récolte sont partagées avec des partenaires pour des questions « d’hébergement et d’analyse des données », ou encore de « marketing ».

De plus, comme TechCrunch le souligne, le mode « anonyme » que propose l’application ne protège pas réellement ses utilisateurs, les photos pouvant être identifiées en remontant jusqu’à une adresse mail ou une adresse IP. Un manquement d’autant plus troublant si des mineurs venaient à utiliser Calmara, car si l’application se dit interdite aux moins de 18 ans, elle ne précise pas comment elle compte faire respecter cette interdiction.

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