Noémie, 15 ans, livrée à la prostitution : "Noémie dit oui" le film dérangeant sur la prostitution des mineurs
"Noémie dit oui", en salles ce mercredi 26 avril, est le premier long-métrage de la réalisatrice Geneviève Albert. Il sensibilise sur un fléau grandissant : la prostitution des mineurs.
Il y a quelques semaines, à Pontoise, s’est tenu le procès du proxénète de la jeune Assia. Il y a quelques mois, le calvaire de cette jeune fille de 14 ans avait mis en lumière l’ampleur d’un drame inaudible en France : la prostitution des mineurs. C’est dans ce contexte que le film "Noémie dit oui" de la réalisatrice canadienne Geneviève Albert vient sensibiliser le grand public au drame silencieux qui se joue dans notre société.
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Noémie, 15 ans, prostituée
Comme de nombreux mineurs entraînés dans les affres de la prostitution, Noémie plonge après un déséquilibre familial. À l’instar de la jeune Assia, qui a fui son foyer d’accueil pour rejoindre son petit ami à Paris. Celui-là même qui la vendra sur des sites d’escorting.
Noémie a 15 ans. Cette adolescente au corps frêle et à la moue hargneuse rêve de retourner vivre chez sa mère et de quitter ainsi le foyer d’accueil dans lequel elle a été placée. Noémie, que l’on voit embrasser tendrement le cliché d’elle enfant aux côtés de sa maman, fait face au refus inopiné de cette dernière de la reprendre à la maison. La douleur est vive pour cette jeune fille dépeinte par la réalisatrice, Geneviève Albert, comme un être écorché vif. Face à cette souffrance assourdissante du rejet, Noémie fuit le foyer pour rejoindre son amie Léa, une ancienne colocataire du foyer ayant pris la fuite.
Léa a un travail : elle est devenue "esco", le diminutif d'escort. Elle a chuté dans les abîmes de la prostitution après une mauvaise rencontre. Son proxénète n’est autre que son petit ami. Léa entraîne dans son sillage son amie Noémie. En entamant une romance avec Zach, un membre du gang du copain de Léa, le personnage principal se laisse influencer et intègre le monde de l’escorting avec un deal clair : trois jours de prostitution lors du Grand Prix de Formule 1 de Montréal. Dans un premier temps, Noémie refuse catégoriquement cette chose "qui la dégoûte". Son proxénète, roublard qui lui témoigne de la plus grande affection, abuse de ses failles : si elle accepte, ils partent loin ensemble, en road trip.
L’adolescente a soif d’amour et rêve de s’extirper d’une société qui la rejette. Elle finit par accepter. La réalisatrice filme le dégoût de Noémie, qui pendant trois jours, à un rythme effréné, enchaîne les clients. Et ceux-ci ont un visage. Un parti pris que Geneviève Albert revendique : "Pour filmer les scènes de prostitution, j’ai choisi de pointer ma caméra vers les clients de Noémie. Ainsi, s’ils jouissent habituellement d’une invisibilité dans la société, les clients sont de chair et de sang dans mon film : ils ont un visage, un corps, une voix."
Ce film, qui montre la violence de la prostitution des mineurs, s’attache à donner des détails crus aux spectateurs. Après avoir enchaîné des journées remplies de plus de 12 passes, Noémie a le corps martyrisé et trimballe un mal-être harassant. Entre chaque client, Noémie mange des chips et regarde des dessins-animés. Une manière pour la réalisatrice de témoigner d'une autre réalité : l'ingénuité de ces escorts-enfants.
Le corps réduit à un objet
Des scènes perturbantes montrent que le corps de l’adolescente est réduit à son état d’objet. Au cours d’une soirée chez le proxénète de Léa, Noémie est droguée et violée. Les invités, nombreux, violent tour à tour le corps inanimé de l'adolescente sur un lit.
Remuant voire dérangeant pendant certaines scènes, "Noémie dit oui" est un film qui dépeint la réalité sordide de la prostitution des mineurs. Si l’évaluation est approximative et probablement en deçà de la réalité, on estime que 7000 à 10000 mineurs se prostituent chaque année en France. L’an dernier, Adrien Taquet, Secrétaire d'État chargé de l'Enfance et des Familles, a lancé une campagne de sensibilisation pour alerter et prévenir le grand public sur la réalité et les dangers de la prostitution des mineurs.
Le film "Noémie dit oui" de Geneviève Albert, en salles dès ce mercredi 26 avril.
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