"Pureté militante", censure, engagement : le féminisme à l'épreuve des réseaux sociaux

Elvire Duvelle-Charles est sur tous les fronts et multiplie les modes d'action. L'autrice, réalisatrice et activiste parle sexualité sur @clitrevolution, organise un bookclub sur Patreon, participe à des collages sauvages. Avec les Femen, elle a sauté seins nus sur la voiture de DSK en 2012, fait irruption dans un bureau de vote en Turquie, et écopé d'une peine de 3 ans de prison ferme dans le pays sans la purger. Aujourd'hui, elle dissèque l'"histoire d'amour-haine" qu'entretient le féminisme avec les réseaux sociaux dans un livre passionnant sobrement intitulé Féminisme et réseaux sociaux (ed. Hors d'atteinte), et paru le 17 février 2022.

Son texte (à l'origine son mémoire de Master en études de genre à Paris 8) analyse les points positifs et négatifs de ces plateformes numériques lorsqu'elles sont utilisées pour diffuser une pensée militante et politique. D'un côté, la rapidité de communication et d'organisation qu'elles permettent, l'accessibilité à l'info, la libération de la parole et la diffusion à grande échelle de récits jusque-là silenciés. De l'autre, le cyberharcèlement facilité par l'anonymat qu'offre l'écran, l'humiliation au sein même de mouvements engagés, ou encore, la censure dès que le mot "éducation sexuelle" est tagué.

Un contraste qui a de quoi filer le vertige, et Elvire Duvelle-Charles l'explique très bien, entre interviews d'expertes féministes, de créatrices de contenus qui ont expérimenté l'envers du décor, et de...

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