Qu’est-ce que la honte de la péridurale ?

Accoucher n’est pas une promenade de santé. Il ne faut pas sous-estimer la douleur. Mais lors que c’est terminé, la douleur, les décisions de dernière minute et vous tenant votre nourrisson dans vos bras pour la première fois, vous devez commencer à faire face aux jugements concernant la façon dont avez donné naissance à votre enfant.

Les femmes sont blâmées pour avoir eu recourt à une péridurale durant l’accouchement. [Photo : Getty]

Que vous optiez pour un accouchement naturel ou que vous suppliiez le personnel médical pour qu’il soulage votre douleur, votre histoire personnelle sera forcément jugée. Et le sujet le plus épineux de l’aventure sera la très controversée péridurale.

Oui, ce médicament conçu pour soulager la douleur des mères en travail est devenu une source de compétitivité qui stresse les futures mères déjà sous pression. Une étude récente réalisée par Channel Mum a révélé qu’un tiers des mères admettaient avoir refusé la péridurale par peur d’être jugées et qu’un cinquième des mères ayant subi une césarienne pensent avoir échoué en n’ayant pas accouché naturellement.

Qu’on le veuille ou non, la culture concernant l’accouchement, et plus particulièrement le soulagement de la douleur, pousse les femmes à se sentir honteuses et à avoir peur des choix qu’elles doivent faire lors de la naissance.

Jetez un œil à n’importe quelle grossesse, naissance ou message de nouvelle maman, vous y verrez probablement des commentaires concernant le fait d’avoir recourt ou non à la péridurale.

Dès la minute où vous annoncez votre grossesse, tout le monde, de votre famille aux étrangers dans la rue, vous demandera si vous avez l’intention d’accoucher naturellement. Et vous pouvez vous attendre à ce qu’ils aient tous une opinion concernant votre réponse, peu importe ce que vous direz.

Et puis il y a la pression que nous nous mettons nous-même. Il est difficile de trouver une mère ayant eu recourt à une péridurale qui ne ressent pas une sorte de culpabilité ou à qui il n’a pas été dit qu’elle a mis le sort de son bébé entre les mains de quelqu’un d’autre.

Il y a également l’effet célébrité. Quand Miranda Kerr a donné naissance à son fils Flynn en 2012, elle a admis avoir refusé la péridurale afin d’éviter de « droguer » son bébé, même si cela allait à l’encontre des recommandations médicales. Se rappelant quelques vidéos de naissance qu’elle avait vues dans lesquelles « le bébé était un peu drogué » lorsqu’il avait été mis sur la poitrine de sa mère, elle avait alors décidé : « Bien, je ne veux pas de cela ».

Elle semblait insinuer que la péridurale serait mauvaise pour le bébé et pour l’expérience de l’accouchement en soi. Mais est-ce vrai ?

Le site de la NHS a déclaré : « Les péridurales sont utilisées de façon régulière depuis de nombreuses années et sont largement considérées comme un moyen efficace pour soulager la douleur durant l’accouchement. Toutefois, comme pour de nombreuses procédures médicales, il existe des risques associés qui, bien que minimes, devraient être connus des mères avant que la péridurale ne soit effectuée ».

Ces « risques » incluent une sensation de jambes lourdes, une baisse de tension et le risque de prolonger la deuxième étape de l’accouchement car vous ne sentez pas vos contractions, ce qui peut amener les médecins à utiliser une ventouse ou des forceps pour sortir le bébé.

Une péridurale n’est pas une solution de « facilité ». [Photo : Getty]

Mais comme toutes les décisions que les futures mères doivent prendre, une fois renseignées auprès de professionnels médicaux qualifiés, cela reste leur choix, pas celui de la femme qui leur sert un capuccino !

Le fait est que cela ne fera pas de vous une moins bonne mère si vous choisissez de soulager un peu la douleur lors de l’arrivée de bébé. Et personne ne vous donnera de médaille pour avoir accouché « naturellement » ou ne vous la « refusera » parce que vous avez soulagé votre douleur. Le fait d’accoucher sans péridurale ne rend pas l’expérience de l’accouchement plus importante.

Il n’existe pas de mauvais choix en ce qui concerne l’accouchement, peu importe que la mère ait choisi une péridurale ou non. Et il n’existe pas de « facilité » en ce qui concerne l’accouchement.

Et n’oublions pas que les plans d’accouchement soigneusement établis ne se déroulent pas toujours comme prévu. Vous pouvez penser que vous ne voudrez pas soulager la douleur, mais lorsque les contractions débuteront, il n’est pas impossible que vous vous mettiez à supplier la sage-femme de faire quelque chose pour atténuer votre douleur. Et ce sera votre droit. L’accouchement n’est pas une compétition.

Une fois le bébé arrivé, la maman sera débordée par les décisions à prendre – allaiter ou donner le biberon, travailler ou être mère au foyer, routine ou nouveautés liées à bébé, et ainsi de suite. Alors ne serait-il pas mieux de laisser de côté le problème de la péridurale ? Parce que quitter la salle de travail en ayant un sentiment de honte n’est pas la meilleure façon de commencer sa vie de maman.

Marie Claire Dorking