Réforme des retraites : à l’Assemblée, bataille de sièges et échanges musclés pour débuter

POLITIQUE - Cette fois, c’est vraiment parti. Depuis ce lundi 30 janvier, la soixantaine de parlementaires de la commission des Affaires sociales planche, article par article, sur le texte qui prévoit un recul de l’âge légal de 62 à 64 ans et une accélération de l’allongement de la durée de cotisation. La dernière étape avant les discussions dans l’hémicycle, qui doivent débuter à compter du 6 février sur cette réforme phare du second quinquennat Macron.

À la veille d’une seconde journée de mobilisation dans la rue, les députés ont afflué en nombre en commission pour l’examen du très contesté projet de réforme des retraites. L’occasion pour les oppositions de montrer qu’elles sont de plus en plus remontées face à la fermeté sans faille affichée par le gouvernement.

Les élus de l’alliance de gauche Nupes étaient particulièrement nombreux, à tel point que certains ont dû s’installer entre LR et RN, faute de places à gauche. Le socialiste Arthur Delaporte a d’emblée demandé des « jours supplémentaires » de l’examen, qui s’achève normalement mercredi soir. Trois jours d’examen à mettre en regard des quelque 7 000 amendements ont été déposés, dont 6 000 par la gauche.

Les délais resserrés sont imposés par le vecteur choisi par l’exécutif, un projet de budget rectificatif de la Sécu, qui limite à cinquante jours au total les débats au Parlement. Or ce délai crispe tout particulièrement alors que le ton est monté d’un cran après que la Première ministre Élisabeth Borne a assuré dimanche que le report de l’âge légal de départ à 64 ans n’était « plus négociable ».

Chahut et échanges tendus

Et ce alors que la gauche étrille un texte « solitaire, injuste et injustifié » voire « anti-femmes ». En réponse, LFI a présenté lundi après-midi son « contre-projet » qui prévoit notamment une retraite à 60 ans avec 40 annuités, et une pension d’au moins 1 600 euros pour toutes les carrières complètes.

Les élus de gauche s’opposent effectivement en bloc aux 64 ans et récusent faire de l’obstruction, en évitant les amendements de pure forme. « On va adapter notre tactique au fur et à mesure, on veut que soit discuté l’article 7 » sur l’âge, a indiqué l’Insoumise Clémentine Autain.

Les députés RN combattent quant à eux le report de l’âge, mais réservent leurs forces pour l’hémicycle. De son côté, la droite, dont les voix sont cruciales pour que le texte soit adopté, fait monter les enchères. Les LR ont formulé des demandes spécifiques pour les femmes aux carrières hachées, pour les salariés ayant commencé à travailler à 20 ans, sur les droits familiaux ou encore un report de l’entrée en vigueur de la réforme.

Qu’il soit adopté ou pas en commission, le projet sera présenté en séance le 6 février. La règle pour les textes budgétaires impose que c’est la version initiale qui est soumise, sans les amendements adoptés en commission. Deux semaines d’échanges sont programmées dans l’hémicycle.

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