Rayons anti-gaspi : à quel moment faire ses courses pour trouver de bonnes affaires ? Des consommateurs nous livrent leurs astuces
Que ce soit via des applications ou dans les grandes surfaces de certains magasins, les consommateurs sont à l'affût des prix cassés, souvent appliqués aux produits en fin de date. Mais quel est le moment le plus propice pour aller faire des courses anti-gaspi ?
Ces dernières années, ils ont fleuri dans certains magasins. Dans des bacs, voire des espaces dédiés, ou alors dispersés dans les rayons des grandes surfaces, des produits en fin de date, à prix cassés et marqués par des stickers fluo attirent l'oeil des clients curieux qui souhaitent faire des économies. Le marché anti-gaspi, qui consiste à solder des invendus plutôt que de les jeter, s'est fait une place dans le cœur des consommateurs.
Si bien que l'application Too Good To Go, qui récupère les invendus de certains magasins et en fait des paniers mis à disposition des utilisateurs a été téléchargée par plus de 15 millions de Français. Des enseignes anti-gaspi (comme "Nous anti-gaspi") ont également trouvé leur clientèle. Côté grandes surfaces, la décision de mettre à disposition des clients des produits anti-gaspi se fait au cas par cas : certains magasins du même groupe (Intermarché, Leclerc, Auchan...) préféreront donner leurs invendus à des associations (et bénéficier de crédits d'impôts), d'autres collaborer avec des applications comme Too Good To Go, d'autres encore mettre en avant des invendus (avec des stickers colorés, des espaces dédiés...) soldés directement dans leurs rayons.
"Ça me permet de trouver des produits qui sont souvent plus chers"
Pour les clients qui ont la chance de trouver ces produits à moitié prix dans leur magasin, "consommer" anti-gaspi peut vite devenir une habitude. "Avec ma copine, on regarde ces produits depuis deux ans à peu près, depuis qu'ils sont apparus dans le super U à côté de chez nous", explique, Tanguy, 26 ans. "On est obligés de passer devant le frigo pour aller aux caisses et on a pris l’habitude de regarder ce qu’il y a dedans, notamment les produits frais, comme le poisson. Ça nous permet d’acheter des produits auxquels on n’aurait pas pensé." Un avis partagé par Salomé*, 31 ans, qui achète ce genre de produits depuis 2020 : "Les applications anti-gaspillage, comme les rayons anti-gaspillage, me permettent de souvent trouver des produits un peu plus diversifiés, et qui sont souvent plus chers, par exemple les fromages, les produits bio, ou encore certains fruits de mer ou les produits végétariens."
Devant l'engouement suscité chez de plus en plus de consommateurs par l'anti-gaspi, les habitués de ce type d'achat ont développé des stratégies pour tenter d'avoir le plus de choix possible parmi les invendus lorsqu'ils vont faire les courses : "J’ai l’impression qu’il ne faut pas y aller trop tôt le matin (dans les espaces anti-gaspi ; ndlr), parce qu’il n’ont pas encore "rechargé" le rayon j’ai l’impression. Mais en fait, c’est quand même assez rempli plusieurs fois dans la journée. C’est toujours vraiment une loterie, on ne sait jamais ce qu’on va y découvrir. J’ai quand même l’impression que les jours de forte affluence, le mercredi et le samedi, il y a moins de choses parce que tout le monde est passé devant nous."
Même conseil pour Jacques, 69 ans, qui achète des produits en fin de date depuis cinq ans environ. Selon lui, il vaut mieux se rendre dans les espaces anti-gaspi "avant ou après un jour de fermeture (quand le magasin en question fait le point sur ses invendus ; ndlr), pendant des jours de semaine, en journée." Salomé a de son côté remarqué une récurrence de certaines denrées : "Il y a souvent les mêmes produits, surtout des produits laitiers et tout ce qui est plat déjà préparé, aussi."
"Il est clair que les gens font plus attention"
Certaines grandes surfaces, plus habituées à travailler avec des associations, restent encore frileuses à l'idée de mettre à disposition leurs invendus à leurs clients. Mais le phénomène anti-gaspi gagne du terrain : selon une étude Yougov/Too Good To Go publiée en 2023, plus de 3 Français sur 4 souhaitent plus de produits anti-gaspi à petit prix chez les enseignes, tandis que 20% d’entre eux seraient prêts à faire un déplacement uniquement pour une promotion.
Une demande qui n'a pas échappé aux stratégies RSE (responsabilité sociétale des entreprises). "La dimension sociétale des entreprises a augmenté : les directions RSE travaillent sur ce type de sujet avec des stratégies de développement de sujets sociaux et sociétaux. C'est une démarche sociale : peut-être que des personnes avec un pouvoir d'achat plus faible vont être plus sensibles à ce type de rayon et donc vont s'y rendre pour récupérer le produit", analyse Christophe Bernillon, grossiste en produits bio dans le Sud de la France, qui auparavant occupait plusieurs postes de direction chez Leclerc et Intermarché.
Cette démarche se veut à l'écoute des consommateurs, encore davantage à la recherche de bonnes affaires depuis la hausse des prix de certains produits, suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, en 2022. Une situation qui pèse sur le porte-monnaie, si bien que 8 Français sur 10 ont adopté des comportements anti-gaspi face à une forte inflation, selon l'étude Yougo/Too Good To Go. "Maintenant j’y vais plus (dans les rayons anti-gaspi ; ndlr) au début de mes courses qu’à la fin, parce que ça peut m’éviter de payer au prix fort un produit que je peux avoir à prix réduit", constate Salomé. Jacques aussi concède que ce mode de consommation lui permet de "s'offrir des produits qu'(il) ne s'offrirait pas sinon (car trop chers ; ndlr), comme de la viande rouge, du poisson frais..."
"À partir du moment où le prix des produits explose sur des produits qui valent cher, il est clair que les gens font plus attention, se dirigent vers des produits moins haut de gamme, ou vont profiter des rayons anti-gaspi", confirme Christophe Bernillon. Une tendance qui n'est pas près de s'essouffler.
*Le prénom a été modifié.
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