La représentation des femmes arabes dans la mode

"'Je ne me sens pas belle, j'ai pris des rendez-vous chez des chirurgiens'. Aujourd'hui, lorsque tu n'es pas représenté dans la mode, tu ne te trouves pas beau. Ça me donne les larmes aux yeux parce que j'ai reçu des messages de filles, de très jeunes filles."

Sur les catwalk des défilés, les mannequins au profil maghrébin se font rares voire inexistants. Points de vues et regards croisés entre Salwa Rajaa, mannequin, et Khémaïs Ben Lakhdar-Rezgui, chercheur spécialiste de la mode, sur ce manque de représentation dans la mode.

Salwa Rajaa l'affirme : "Aujourd'hui, dans la mode, les mannequins arabes sont invisibilisées." Sur les défilés ou dans les campagnes de pub, seulement quatre origines se distinguent et s'affichent : caucasienne, africaine subsaharienne, asiatique et latine. Lorsque des femmes maghrébines sont recrutées, "c'est pour leur faire porter le voile", explique Salwa. Or, toutes les habitantes des pays arabes ne se voilent pas. Dès lors, "comment celles-ci peuvent-elles se reconnaître dans cette tenue ?", se demande Salwa.

Spécialiste de l'orientalisme, Khémaïs Ben Lakhdar-Rezgui indique que la mode crée des discours, des archétypes et des diktats. D'un côté la femme voilée, soumise. De l'autre, la "beurette à chicha", outrancière, vulgaire, souvent criminalisée et objet de fantasmes sexuels. Entre les deux ? Il n'existe "aucune nuance", se désole le chercheur. Les représentations qu'offrent l'industrie culturelle ou les médias grand public aux femmes arabes (...)

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