Les Restos du Cœur lancent leur nouvelle campagne, ces chiffres laissent présager une année difficile
PRÉCARITÉ - « La faim progresse, et de plus en plus de personnes sont en difficulté en raison de l’inflation » en France. C’est le constat du président des Restos du Cœur, Patrice Douret, à l’heure où l’association lance ce mardi 21 novembre sa 39e campagne de distribution alimentaire. Particularité de cette année : les Restos sont obligés de réduire le nombre de leurs bénéficiaires en raison de difficultés financières.
Les Restos du Cœur ne sont pas les seuls à être débordés par les demandes d’aides face à l’inflation
« Les tendances ne sont pas rassurantes » : « entre 5 et 10 % des personnes accueillies l’hiver dernier se voient refuser l’aide alimentaire cette année » et « nous observons un nombre important de nouvelles personnes admissibles », a expliqué Patrice Douret.
Obligé de refuser des bénéficiaires
L’association a accueilli 1,3 million de personnes en 2022-2023, contre 1,1 million lors de la période précédente. Mères célibataires, retraités, salariés aux emplois peu rémunérateurs, étudiants : cette hausse des demandes concerne tous les profils, dans tous les départements. Les ménages accueillis vivent avec moins de 550 euros par mois pour 60 % d’entre eux.
Les Restos du Cœur doivent réduire leur nombre car ils ne parviennent plus à faire face à l’afflux de demandes d’aide, d’un point de vue logistique, comme financier. Et ces derniers mois, leur budget pour les achats alimentaires, redistribués ensuite gratuitement aux bénéficiaires, a doublé à cause de l’inflation.
La hausse des prix a atteint 4 % en octobre, selon les dernières données de l’Insee, celles de l’énergie (+5,2 %) et de l’alimentation (+7,8 %) restent fortes. Conséquence directe de ces augmentations : pour la première fois de leur histoire, les Restos du Cœur ont baissé le niveau de revenu qui donne droit à l’aide alimentaire.
Chez les recalés, « il y a beaucoup de résignation, les gens savent qu’on n’est pas en capacité d’accueillir tout le monde », a précisé Patrice Douret. Ces personnes peuvent toutefois bénéficier des autres services de l’association, comme le don de vêtement ou l’accompagnement à la recherche d’emploi.
Un appel à l’aide entendu
Les Restos avaient lancé un appel en septembre : il leur manquait 35 millions d’euros pour terminer l’exercice à l’équilibre. « Notre appel a été entendu, il y a eu un élan de générosité exceptionnel », a souligné le président de l’association.
Le gouvernement a accordé 10 millions d’euros supplémentaires aux Restos - qui assurent 35 % de l’aide alimentaire en France. La famille de Bernard Arnault, propriétaire du numéro un mondial du luxe LVMH, a offert 10 millions d’euros. Le reste de la somme est provenu de dons d’entreprises et de particuliers.
La survie de cette association emblématique est-elle à présent assurée ? « Je ne sais pas », répond prudemment son président avant de déclarer : « Nous avons vraiment besoin de continuer à être soutenus. » Il s’interroge encore sur les finances de la structure car 60 % des dons qu’elle perçoit sont habituellement effectués entre novembre et décembre.
« Les Français pourront-ils encore donner en cette fin d’année ? Les dons reçus en septembre provenaient-ils de nouvelles personnes ou s’agissait-il de dons de nos soutiens habituels qui ne pourront pas forcément renouveler leur geste en fin d’année ? », questionne Patrice Douret.
Pour passer ce cap difficile, les Restos du Cœur demandent notamment au gouvernement de mettre en place un « plan d’urgence alimentaire », « en portant le budget dédié aux associations d’aide alimentaire à 200 millions d’euros, contre autour de 150 aujourd’hui », indique un communiqué de l’association.
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