Les Restos du Cœur lancent leur nouvelle campagne, ces chiffres laissent présager une année difficile

La nouvelle campagne des Restos du Cœur s’ouvre alors que l’association doit pour la première fois refuser des bénéficiaires (photo d’illustration prise en décembre 2020 à Paris).
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP La nouvelle campagne des Restos du Cœur s’ouvre alors que l’association doit pour la première fois refuser des bénéficiaires (photo d’illustration prise en décembre 2020 à Paris).

PRÉCARITÉ - « La faim progresse, et de plus en plus de personnes sont en difficulté en raison de l’inflation » en France. C’est le constat du président des Restos du Cœur, Patrice Douret, à l’heure où l’association lance ce mardi 21 novembre sa 39e campagne de distribution alimentaire. Particularité de cette année : les Restos sont obligés de réduire le nombre de leurs bénéficiaires en raison de difficultés financières.

Les Restos du Cœur ne sont pas les seuls à être débordés par les demandes d’aides face à l’inflation

« Les tendances ne sont pas rassurantes » : « entre 5 et 10 % des personnes accueillies l’hiver dernier se voient refuser l’aide alimentaire cette année » et « nous observons un nombre important de nouvelles personnes admissibles », a expliqué Patrice Douret.

Obligé de refuser des bénéficiaires

L’association a accueilli 1,3 million de personnes en 2022-2023, contre 1,1 million lors de la période précédente. Mères célibataires, retraités, salariés aux emplois peu rémunérateurs, étudiants : cette hausse des demandes concerne tous les profils, dans tous les départements. Les ménages accueillis vivent avec moins de 550 euros par mois pour 60 % d’entre eux.

Les Restos du Cœur doivent réduire leur nombre car ils ne parviennent plus à faire face à l’afflux de demandes d’aide, d’un point de vue logistique, comme financier. Et ces derniers mois, leur budget pour les achats alimentaires, redistribués ensuite gratuitement aux bénéficiaires, a doublé à cause de l’inflation.

La hausse des prix a atteint 4 % en octobre, selon les dernières données de l’Insee, celles de l’énergie (+5,2 %) et de l’alimentation (+7,8 %) restent fortes. Conséquence directe de ces augmentations : pour la première fois de leur histoire, les Restos du Cœur ont baissé le niveau de revenu qui donne droit à l’aide alimentaire.

Chez les recalés, « il y a beaucoup de résignation, les gens savent qu’on n’est pas en capacité d’accueillir tout le monde », a précisé Patrice Douret. Ces personnes peuvent toutefois bénéficier des autres services de l’association, comme le don de vêtement ou l’accompagnement à la recherche d’emploi.

Un appel à l’aide entendu

Les Restos avaient lancé un appel en septembre : il leur manquait 35 millions d’euros pour terminer l’exercice à l’équilibre. « Notre appel a été entendu, il y a eu un élan de générosité exceptionnel », a souligné le président de l’association.

Le gouvernement a accordé 10 millions d’euros supplémentaires aux Restos - qui assurent 35 % de l’aide alimentaire en France. La famille de Bernard Arnault, propriétaire du numéro un mondial du luxe LVMH, a offert 10 millions d’euros. Le reste de la somme est provenu de dons d’entreprises et de particuliers.

La survie de cette association emblématique est-elle à présent assurée ? « Je ne sais pas », répond prudemment son président avant de déclarer : « Nous avons vraiment besoin de continuer à être soutenus. » Il s’interroge encore sur les finances de la structure car 60 % des dons qu’elle perçoit sont habituellement effectués entre novembre et décembre.

« Les Français pourront-ils encore donner en cette fin d’année ? Les dons reçus en septembre provenaient-ils de nouvelles personnes ou s’agissait-il de dons de nos soutiens habituels qui ne pourront pas forcément renouveler leur geste en fin d’année ? », questionne Patrice Douret.

Pour passer ce cap difficile, les Restos du Cœur demandent notamment au gouvernement de mettre en place un « plan d’urgence alimentaire », « en portant le budget dédié aux associations d’aide alimentaire à 200 millions d’euros, contre autour de 150 aujourd’hui », indique un communiqué de l’association.

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