Le RN et Renaissance d’accord pour enquêter sur les financements étrangers des partis (et se tirer dans les pattes)

Jordan Bardella, eurodéputé et président par intérim du RN, le 18 septmbre 2022 au Cap d’Agde.
PASCAL GUYOT / AFP Jordan Bardella, eurodéputé et président par intérim du RN, le 18 septmbre 2022 au Cap d’Agde.

PASCAL GUYOT / AFP

Jordan Bardella, eurodéputé et président par intérim du RN, le 18 septmbre 2022 au Cap d’Agde.

POLITQUE - Le nouveau chef du parti Renaissance, Stéphane Séjourné et le président par intérim du Rassemblement national, Jordan Bardella sont — de façon très surprenante — d’accord sur une chose : ils veulent une enquête sur les financements des partis politiques par des puissances étrangères. Avec pour chacun le même objectif, à savoir décrédibiliser l’autre.

Ce samedi 24 septembre, huit députés Renaissance ont demandé l’ouverture d’une commission d’enquête à l’Assemblée sur de possibles « financements russes » de partis français. La veille déjà, ils avaient écrit à la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet en ce sens.

La veille également, les troupes de Marine Le Pen annonçaient… une procédure similaire. « Le Rassemblement national déposera ce lundi 26 septembre à l’Assemblée nationale une résolution demandant la constitution d’une enquête parlementaire sur les ingérences étrangères au sein des partis politiques français », indiquait un communiqué relayé par Jordan Bardella vendredi 23 septembre.

Révélations américaines

Ces deux demandes interviennent après des révélations mi-septembre des renseignements américains sur des fonds versés par la Russie à des partis politiques et candidats dans plus d’une vingtaine de pays depuis 2014 afin de tenter d’y influencer des élections. Au moins 300 millions de dollars auraient ainsi circulé, selon des estimations de Washington. Les services de renseignement américains n’ont pas précisé les noms des pays concernés, mais ils estiment qu’en Europe, Moscou serait passé par des contrats fictifs et des sociétés écrans pour financer les partis.

Quel rapport avec le RN et Renaissance ? Pour comprendre, il faut commencer par rappeler l’emprunt du parti de Marine Le Pen auprès d’une banque russe pour financer la campagne des régionales de 2015. Ce prêt, que le parti continue de rembourser, est régulièrement repris comme la preuve de la « dépendance » et de la proximité entre Marine Le Pen et Vladimir Poutine, pour reprendre les mots d’Emmanuel Macron pendant le débat de l’entre-deux-tours de la présidentielle, deux mois après l’invasion de l’Ukraine.

Depuis, le conflit en Ukraine s’est enlisé et ses répercussions économiques n’ont fait que grandir — notamment l’augmentation des prix de l’énergie. Mais ce n’est pas l’avis du RN, pour qui l’explosion des coûts du gaz et de l’électricité est avant tout le résultat d’une politique menée depuis plusieurs années par Emmanuel Macron et ses prédécesseurs.

En guise de réponse, Stéphane Séjourné et les élus Renaissance ont donc ressorti le prêt russe, renforcé par les récentes révélations américaines. « Soutenir l’agresseur puis exploiter politiquement les conséquences de la guerre sur notre sol. Quel pacte tacite ou quel accord financier pourrait conduire à de telles déclarations ? », dénonçait le chef du parti macroniste sur Twitter ce 23 septembre. Et de réclamer dans la foulée « une enquête indépendante sur l’ingérence russe dans les partis européens. »

Le RN contre-attaque avec le Qatar et McKinsey

Dans leur communiqué, les députés Renaissance réclament une enquête pour savoir « si des partis politiques français – et lesquels — ont bénéficié de financements russes ». Ils citent « des prises de position en faveur de la Russie de plusieurs dirigeants politiques français de premier plan », ainsi que « des prêts contractés pour financer des campagnes électorales » ou encore « la nomination au sein d’entreprises russes d’anciens parlementaires et ministres français ». Le Rassemblement national et Marine Le Pen ne sont pas nommés, mais l’allusion est évidente. Tout comme la pique à l’ancien Premier Ministre LR François Fillon, cadre en Russie et qui a fini par quitter ses fonctions après une déclaration ambiguë après le début de la guerre.

En face, le Rassemblement national mise aussi sur une commission d’enquête, cette fois pour « préciser la nature des liens entre certains élus de la majorité présidentielle et le Qatar », « déterminer » d’éventuels liens entre la majorité et la Chine, et enquêter sur « ce qui s’apparente à une véritable coproduction législative entre le parti présidentiel et les géants américains Amazon, Microsoft, Google ou encore Uber », indique leur communiqué.

Emmanuel Macron « veut jour à ce petit jeu ? Très bien », a ironisé ce samedi 24 septembre le député RN de l’Yonne Julien Odoul. Invité à préciser ses accusations, il a refusé de donner des noms, évoquant seulement « des responsables politiques français qui sont en quelque sorte des ambassadeurs de la Chine ». « Cette commission d’enquête permettra de faire la lumière sur tout. Le parti Renaissance va devoir montrer patte blanche et les Français verront », martèle le député et porte-parole du parti.

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