Sur la sexualité des seniors, cette étude tord le cou aux idées reçues
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94 % des personnes âgées se déclarent être amoureuses de leur conjoint.
SEXUALITÉ - Rides et cheveux blancs ne sont -évidemment- pas incompatibles avec le désir, vient rappeler Les Petits frères des pauvres. L’association, qui lutte contre l’isolement des seniors, vient de publier ce jeudi 29 septembre un rapport sur la vie affective et sexuelle des personnes âgées. Souvent réduites à « des objets de soins », elles « peuvent encore aimer et être aimées », rappelle auprès de l’AFP Yann Lasnier, le délégué général de l’association qui plaide par ailleurs pour un changement de regard sur le sujet.
1 500 seniors de plus de 60 ans ont été interrogés pour l’étude, réalisée par CSA Research. Ainsi, 91 % des personnes âgées en couple disent éprouver du désir pour leur conjoint, 74 % ont encore des relations sexuelles, et 71 % des seniors estiment qu’« un corps qui vieillit peut rester désirable. »
Autre cliché auquel le rapport tord le cou : les vieux couples ne s’aimeraient plus vraiment, n’auraient plus rien à se dire et plus trop de raisons de communiquer entre eux. Mais au contraire, l’amour n’a pas d’âge. 94 % des personnes âgées se déclarent être amoureuses de leur conjoint. Ce qui les fait vivre ? La complicité pour 53 % d’entre eux, suivie par le rire (50 %) et les confidences (48 %).
Des constats qui vont à l’encontre de nombreuses idées reçues sur la sexualité de nos aînés, que l’association veut combattre. Une campagne de communication sera lancée en octobre où l’on pourra voir, sur des affiches, des couples aux cheveux blancs se caressant ou échangeant de fougueux baisers. Et le slogan : « Ne réduisons pas les aînés à nos clichés. »
L’isolement
Mais nombre de seniors disent beaucoup souffrir de la solitude, notamment après la mort de leur conjoint. Sur la ligne d’écoute anonyme gérée par les « Petits frères », plus d’un appel sur dix a trait à la vie affective ou sexuelle, témoigne Mélanie Rossi, la responsable de ce dispositif.
« Beaucoup d’hommes font état d’une misère sexuelle, et ont besoin de raconter leurs fantasmes sur la voisine ou l’aide-soignante », raconte-t-elle. « Et beaucoup de femmes de 75 ou 80 ans, souvent des veuves, se disent en manque de tendresse. »
« Pour cette génération, la sexualité a surtout été associée à la maternité ou au devoir conjugal. Elles ont été très mal informées, y compris sur leur propre corps. Certaines femmes aujourd’hui s’interrogent sur les sex toys ou la masturbation, mais ne savent pas à qui s’adresser », ajoute la responsable.
Pour lutter contre cet isolement, les Petits frères des pauvres plaident pour le maintien ou l’ouverture des lieux de convivialité, comme les cafés, guinguettes ou autres thés dansants, qui permettent de « s’amuser et éventuellement de faire des rencontres amoureuses. »
L’amour en Ehpad
L’association demande aussi que les formations au numérique pour les seniors incluent une approche des applications de rencontre. Car des couples peuvent parfois se former sur le tard. Le rapport cite l’exemple de Claude, 86 ans, qui a trouvé l’amour dans sa maison de retraite. « Je ne pensais pas que ça m’arriverait à mon âge », s’est émerveillée celle qui compte épouser son voisin du dessous, « doux et attentionné. »
De tels cas ne sont toutefois pas forcément bien vus dans les Ehpad, où les pulsions sont considérées comme un « problème », et l’intimité des seniors pas toujours respectée, soulignent les auteurs du rapport.
Pourtant, 84 % des personnes âgées déclarent qu’elles sont à l’aise avec le sujet de la sexualité, mais plus d’une sur deux considère qu’il est encore tabou dans la société. Pour Francis Carrier, président de l’association LGBT GreyPride - qui organise des formations dans les maisons de retraite pour sensibiliser à ces questions, le secteur de l’aide aux personnes âgées a besoin d’une « révolution culturelle sur le long terme. »
Il entend ainsi s’adresser aux salariés, pour qu’ils adoptent un « discours ouvert et respectueux », aux seniors eux-mêmes « car ils ont une image dégradée de leur corps », et aux enfants des résidents, qui parfois désapprouvent les désirs de leurs vieux parents. Il insiste : « en parlant de sexualité et de besoin affectif, on se raccroche au désir de vivre. »
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