Pour les soldes d’été 2024, attention à la « fast déco » d’Ikea, Zara Home ou Temu

ENVIRONNEMENT - Vous avez sûrement déjà entendu parler de la fast fashion mais connaissez-vous la « fast déco » ? Cela reprend le même principe que pour la mode : produire une quantité démesurée de meubles et décorations de moindre qualité, à des prix très bas, avec des collections sans cesse renouvelées, mais qui n’est pas sans conséquence sur le plan environnemental.

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Pour comprendre l’ampleur du phénomène, l’association Zero Waste France a publié un rapport en mai dernier. Il nous apprend que le nombre d’éléments d’ameublement mis sur le marché en France a augmenté de 88% entre 2017 et 2022, passant de 269 à 505 millions d’unités mises sur le marché, d’après les chiffres de l’Agence de la transition écologique (Ademe).

Qui dit production en hausse, dit déchets en plus : ils ont été multipliés par deux entre 2014 et 2020. Il n’y a donc aucun doute que la « fast déco » est un modèle qui a su s’imposer dans nos vies. Pourtant, lorsqu’on achète un meuble, on espère que celui-ci dure plusieurs années, voire dizaines d’années, alors comment en est-on arrivé là ?

D’Ikea à la fast fashion

Auparavant, les meubles représentaient l’achat d’une vie et les familles se les transmettaient de génération en génération. Mais un changement de consommation de l’ameublement s’est opéré en France dans les années 1980, avec l’arrivée d’Ikea.

Jeter un canapé pour en racheter un autre n’est plus le même sacrifice économique, d’autant plus que l’enseigne suédoise se réinvente régulièrement avec des collections et un catalogue qui compte 3 000 nouveaux articles chaque année. « Ikea est une entreprise de mode dans le secteur de l’ameublement », déclare Cecilia Soler, professeur associée de marketing à l’Université de Göteborg, dans le documentaire « Ikea, le seigneur des forêts » diffusé sur Arte. C’est ce qu’on appelle la « fast furniture », à laquelle s’ajoute aujourd’hui la « fast déco » et qui convainc au-delà des traditionnels magasins d’ameublement.

Si des enseignes comme Conforama et Maisons du Monde se sont alignées sur le modèle d’Ikea, d’autres comme Hema, Søstrene Grene ou de déstockage comme Gifi ou Action, se sont spécialisées dans la décoration. Ainsi, elles proposent des collections renouvelées à chaque saison ou pour chaque évènement annuel comme Noël ou Halloween.

L’autre acteur de cette fast déco reste l’e-commerce, qu’il s’agisse d’enseignes comme Amazon ou encore les sites d’ultra fast fashion apparus récemment, comme Shein ou Temu. En plus de leurs vêtements à des prix ridiculement bas, ils collent désormais leur stratégie à des produits de décoration.

Et ce virage n’a pas non plus échappé aux autres enseignes plus classiques de la fast fashion comme H&M ou Zara, puisque dès les années 2010, elles ont ouvert leur branche H&M Home ou Zara Home. Et depuis plusieurs années, on retrouve même de la déco dans les hypermarchés comme au Carrefour ou E.Leclerc.

Impact environnemental

Mais qui dit fast fashion ou fast déco, dit aussi coût social et coût environnemental. « Lorsque le tarif est très bas, vous pouvez être sûr à 100 % que quelqu’un ou quelque chose en paye le prix. Dans ce cas précis, c’est la nature qui paye pour ces produits bon marché », explique Cecilia Soler dans le documentaire d’Arte.

« Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas le transport qui va avoir le plus de poids d’un point de vue environnemental, ce sont les matériaux utilisés et le processus de fabrication », précise Emily Spiesser de l’Ademe dans le documentaire « Déco pour tous, l’envers du décor », diffusé sur France Télévision. Et bien sûr, « Le renouvellement trop fréquent est également néfaste pour l’environnement ».

D’après une étude de l’Ademe, en ce qui concerne les produits réalisés à partir de bois et d’autres matériaux, les matières premières représentent 30 à 50 % de leur impact environnemental. C’est pire encore pour les produits réalisés sans bois, préférant par exemple le plastique ou le métal, les matières premières représentent alors 60 à 80 % de leur impact environnemental.

Comment ne pas tomber dans le piège de la fast déco ? Là aussi, la solution est la même que pour la fast fashion. « On est quand même victime des logiques de publicité et marketing qui nous incitent à consommer. L’idée c’est donc de s’interroger sur ses propres besoins », indique au HuffPost, Pauline Debrabandere, coordinatrice de campagne chez Zero Waste France.

Une fois que l’on a défini ce qui nous est vraiment nécessaire, vous pouvez essayer de les trouver sur des sites ou dans des enseignes plus responsables sur le plan environnemental. « Mais ce qui va avoir le moins d’impact, ce sont les produits qui ont déjà servi et qui trouvent un nouvel usage », insiste Pauline Debrabandere. En plus d’être plus respectueux de l’environnement, ces produits ont souvent l’avantage d’être moins chers. Alors pour dégoter une bonne affaire, la coordinatrice de Zero Waste France vous conseille de faire un tour dans les ressourceries et recycleries et sur les plateformes d’acteurs de seconde main.

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