Sonia Rolland victime de racisme : on lui envoyait des excréments par la poste
Devenue actrice après avoir été élue Miss France, Sonia Rolland est à l'affiche de la nouvelle série "Tropiques criminels", ce vendredi 1er juillet 2022 sur France 2. 22 ans après son élection, l'ancienne reine de beauté s'est construit une carrière solide, en dépit des critiques racistes qu'elle a souvent pu recevoir.
Elue Miss Bourgogne 1999 puis Miss France 2000 lors de la grande élection du 11 décembre 1999, Sonia Rolland n'avait que 18 ans lorsqu'elle a décroché le titre de reine de beauté. Mais son jeune âge n'est pas la seule façon dont elle a marqué les esprits, puisqu'à l'époque, elle était également la première Miss France ayant des origines africaines. Des origines qui, associées à sa couleur de peau, lui ont valu de nombreuses insultes et un harcèlement raciste particulièrement difficile à encaisser.
Vidéo. Sonia Rolland : "J'ai souffert du racisme, à plusieurs étapes de ma vie"
Un racisme "violent" suite à son élection
Femme engagée, Sonia Rolland n'a jamais hésité à dénoncer les critiques qu'elle subissait, et à prendre la défense d'autres femmes victimes d'attaques similaires. En 2013, peu après l'élection de Flora Coquerel, Miss France 2014, l'ancienne reine de beauté est montée au créneau pour défendre sa consoeur. Dans une tribune publiée sur le site du Nouvel Obs, elle a alors confié ce qu'elle avait pu subir il y a des années de cela : "J'ai reçu environ 2 700 lettres d'insultes. J’ai eu des crottes ramassées dans la rue sur mon paillasson, des crachats sur ma porte. On a aussi déchiré la toile de ma voiture après y avoir écrit "négresse" en énorme… J’avais 18 ans, ça a été très violent." A l'époque, elle avait toutefois refusé d'en parler : "Je ne voulais pas donner de l’importance à une poignée d’ignorants racistes."
Les choses sont même allées plus loin, ainsi que l'affirmait Hubert Guérin, le collaborateur de Geneviève de Fontenay, dans le documentaire La face cachée des Miss, diffusé sur RMC Story : "Sonia Rolland, elle a reçu près de 2 500 lettres d'insultes chez Geneviève de Fontenay. Rendez-vous compte, 2 500 personnes qui ont pris le temps d'écrire, et de payer un timbre. Il y a même des personnes qui ont rajouté des excréments dans les courriers. Sonia Rolland a reçu de la merde chez Geneviève de Fontenay."
Toutefois, elle a conscience d'avoir eu de la chance et l'affirme : "J'aurais pu basculer de l'autre côté. Il faut se mettre à la place de ces gamins qui grandissent avec le délit de faciès quotidiennement, à qui on demande de choisir une culture et qui finissent par se sentir chez eux nulle part. Lorsqu’on fait les frais du racisme au quotidien, qu’on vit dans un milieu défavorisé, qu’on subit tout comme les autres les difficultés d’une crise, du chômage et qu’en plus on vous reproche d’en être la cause, il est difficile de ne pas basculer dans la haine inverse." Et de préciser : "La seule chose que je déplore vraiment, c’est qu’on prenne à la légère le fait qu’une personne soit insultée pour sa différence, que ce soit une femme, une personne handicapée, ou noire."
Une vie marquée par les attaques racistes
En 2019, face à Elsa Wolinski dans "Décomplexé.e.s", pour Yahoo, Sonia Rolland l'affirmait haut et fort : "J'ai souffert du racisme, à plusieurs étapes de ma vie. A l'adolescence, je pouvais répondre. Souvent par les poings, parce que j'étais bagarreuse. Mais après, c'était avec les mots. Je pouvais être vachement dure pour répondre au racisme. Après mon élection, j'ai reçu des milliers de lettres d'insultes, des menaces de mort. Mais à l'époque, on était dans un contexte où Le Pen et Mégret se tiraient la bourre, mais on en riait."
Une situation qui a changé du tout au tout en 2001: "Dès lors qu'il y a eu les attentats du 11 septembre, qu'il y a eu une stigmatisation des musulmans en France et qu'il y a eu une sorte de défiance de l'autre, les choses se sont dégradées. On a eu peur de dire les choses, d'échanger, de dialoguer de manière paisible. Le racisme est devenu plus sournois, plus insidieux. " "Aujourd'hui, on n'a même plus peur de dire que l'on vente Le Pen, regrette Sonia Rolland, regrettant l'époque où les gens avaient honte de voter pour l'extrême droite. "Aujourd'hui, on ne rit plus", concluait-elle alors. Et les événements de ces dernières années n'ont fait que confirmer cette vision.
Une volonté de discrétion amoureuse
Si Sonia Rolland est forcément très exposée de part sa carrière, elle a fait le choix d'être plus discrète en ce qui concerne sa vie privée. Après avoir connu des relations très médiatisées avec Christophe Rocancourt et Jalil Lespert, elle est désormais en couple avec un homme qui tient à rester anonyme. "Parce que j'avais échappé à beaucoup de drames dans ma vie, j'ai oeuvré avant tout à la résilience, la mienne et celle de mes compagnons. Ça n'a pas été forcément une bonne idée dans mes relations de couple", confiait-elle à Gala en 2021, avant de préciser être en couple avec "un homme doux, sensible et très drôle, qui ne travaille pas du tout dans le même milieu professionnel. Il me soutient dans mon émancipation en tant que femme et mère. Il est du genre à crever l'abcès dès qu'il y a un problème. Je n'ai rien à régir dans sa vie et au contraire, il facilite la mienne. Je suis très heureuse. Je crois vraiment au proverbe : "Vivons heureux, vivons cachés".
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