Sortir des normes de la beauté traditionnelle avec Kiyémis, poétesse et militante

"La fille cauchemar, c'était une fille grosse, trop grande, qui est trop noire, qui prend trop de place... Une fille qui est trop. Pour moi, c'était ça la fille cauchemar. En fait, la fille cauchemar, c'est la fille dont on a peur."

Kiyémis est poétesse, journaliste, militante... Dans son essai intimisme Je suis votre pire cauchemar ! (Albin Michel, 2022), elle expose son rapport à son corps et sa vision de l'afroféminisme. Elle se positionne contre les dominations qui pèsent sur le corps des femmes qui doivent se soumettre à des codes de beauté extrêmement restrictifs. Ainsi, incarner un physique qui ne se conforme pas à ces standards est un acte militant. "Cette fille cauchemar là, je suis ravie de l'incarner", révèle Kiyémis.

"Être gros, c'est quelque chose d'immoral." La jeune femme a vécu cette discrimination qui est très répandue dans notre société et qui justifie des violences, des humiliations. Kiyémis s'appuie sur les travaux de recherche de Sabrina Strings, sociologue Nord-Américaine qui déclare que la grossophobie puise ses origines dans le racisme : "La grossophobie émerge au même moment que se construisent les empires coloniaux. Il faut asseoir ce que c'est l'humanité. Il faut exclure des corps de l'humanité, puisqu'il faut bien justifier qu'ils ne sont pas humains, puisqu'ils sont des biens meubles. Et la grossophobie fait aussi partie de cette exclusion."

Les femmes noires font en effet l'objet de critiques particulières : on les considère comme trop volumineuses (...)

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