Suzanne Lindon : « J'ai eu la chance d'être aimée »
Actrice, réalisatrice et scénariste, elle signe son premier film, « Seize Printemps », un petit bijou tourné à 18 ans. Touchante et sincère, elle est désarmante de naturel et de charme.
Vous avez vraiment écrit ce film à 15 ans ?
Suzanne Lindon - A cet âge, je souhaitais être actrice, mais comme mes parents [Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon] exercent ce métier, j'avais peur de le dire. Je voulais me sentir légitime, donc je devais ajouter à mon désir une chose qu'eux n'avaient pas faite. J'ai alors écrit un scénario et j'ai vite compris que l'envie de réaliser était aussi forte que celle de jouer. Cette histoire m'était tellement personnelle que je ne pouvais pas laisser quelqu'un s'en emparer. Mais c'était de l'inconscience, car je n'avais aucune base technique et j'ignorais ce qu'était un plateau. Enfant, j'ai déjeuné dans les cantines de tournage, mais je n'ai jamais vu mes parents tourner. Le plus dur a finalement été d'attendre, puisque j'étais au lycée Henri-IV et qu'il était impossible de réaliser un film et de passer mon bac en même temps.
Quelle adolescente étiez-vous ?
Suzanne Lindon - J'avais l'impression d'être décalée, je préférais la compagnie de personnes plus âgées. Je trouvais cet âge diffcile : on se connaît sans se connaître, on a des envies que l'on ne peut pas réaliser… C'est un entre-deux étrange. Seize Printemps, c'est ma vision de l'adolescence, de la famille, du rapport amoureux, de la sensualité naissante, de la pudeur, des fantasmes qui nous intéressent parfois plus que ce que l'on vit. Suzanne, mon héroïne, me ressemble. J'ai écrit sur ce que je connaissais, sans quoi...