Une tribune dénonce "l'injustice" du limogeage d'une préfète d'Indre-et-Loire

Selon les signataires, Marie Lajus "aurait été limogée pour avoir fait respecter le droit de l’urbanisme dans une affaire de projet immobilier".

"Une profonde injustice". Dans une tribune publiée dans Le Monde ce lundi, une cinquantaine d'élus locaux, fonctionnaires et acteurs de la société civile affirment leur "soutien" à Marie Lajus, limogée - sans préavis, ni nouvelle affectation - de ses fonctions de préfète d'Indre-et-Loire par décret le 7 décembre dernier.

Selon des informations du Canard enchaîné, ce départ aurait été déterminé au plus haut niveau de l'État sous pression d'élus locaux. Le journal cite ainsi un maire écologiste selon lequel des élus "ont envoyé des SMS sans arrêt à Gérald Darmanin", le ministre de l'Intérieur, pour se plaindre de la préfète, en poste depuis 2020.

"Garant de la loi"

En cause notamment: un désaccord sur un dossier local d'incubateur de start-up dans le parc du château Louise de la Vallière, au sein du département. Situé dans la ville de Reugny, il est classé comme monument historique. En raison de ce point précis, mais également du fait que la zone d'installation soit boisée, la prefecture avait exprimé ses réserves sur ce projet porté par des élus du département.

La zone projetée "n'est pas constructible, tant aux termes du code de l'urbanisme qu'au regard des principes de la loi Climat et résilience de 2021", écrivent les signataires de la tribune publiée dans Le Monde. Dès lors, la préfète a "exerc[é] son rôle de garant de la loi", insistent-il. Tout en accusant les élus locaux de "privilégier des retombées économiques à la protection de l'environnement" et "d'ignorer la loi".

"Aucune forme de pression"

Le 21 décembre dernier, la mairie de Reugny a réagi en publiant sur son site un communiqué. "La seule implication de la commune dans ce projet consiste à mener, conformément à la loi Climat et Résilience, une étude environnementale, actuellement en cours, qui se poursuivra par une enquête publique prévue en 2023", peut-on lire dans ce texte.

"A ce jour, la décision finale nécessite encore bon nombre d’étapes", souligne la commune.

Concernant les révélations du Canard enchaîné "nous affirmons qu’aucune forme de pression n’a été opérée par les élus municipaux en charge de ce dossier", est-il également écrit. "Nous ne sommes en rien solidaires avec de tels agissements contraires aux principes républicains auxquels nous sommes attachés", ajoute enfin le Conseil municipal.

"Vive la presse"

De son côté, Marie Lajus avait salué le travail du journal lors de son pot de départ, il y a quelques jours. Brandissant un article encadré du Canard enchaîné avec l'article la concernant, la fonctionnaire avait déclaré: "Vive la presse, vive la presse libre".

La sénatrice socialiste Nicole Bonnefoy, qui a signé la tribune publiée dans les colonnes du Monde, a écrit à Gérald Darmanin ainsi qu'à Élisabeth Borne et Emmanuel Macron pour "dénoncer le limogeage de la préfète Marie Lajus". Elle a également adressé une question écrite à la Première ministre en sa qualité de parlementaire.

Article original publié sur BFMTV.com

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