"J'arrachais tellement mes cheveux que j'ai dû porter une perruque" : qu'est-ce que la trichotillomanie, dont souffre Amy Schumer ?

HOLLYWOOD, CALIFORNIA - MARCH 27: Amy Schumer attends the 94th Annual Academy Awards at Hollywood and Highland on March 27, 2022 in Hollywood, California. (Photo by David Livingston/Getty Images)
La comédienne Amy Schumer a révélé souffrir de trichotillomanie. (Photo by David Livingston/Getty Images)

Il y a quelques semaines, Amy Schumer faisait partie des maîtresses de cérémonie à l'occasion des Oscars. La comédienne américaine a récemment pris la parole pour évoquer son "grand secret", une maladie mentale appelée trichotillomanie, qui la poussait à s'arracher les cheveux.

Lorsque l'on parle de santé mentale, on pense souvent à des troubles tels que la dépression, l'anxiété ou encore la bipolarité. Mais les troubles mentaux peuvent également avoir des manifestations physiques, comme c'est le cas par exemple pour les TOC (troubles obsessionnels compulsifs) ou encore pour la trichotillomanie. Cette maladie relativement peu connue du grand public a récemment été évoquée par la comédienne Amy Schumer.

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La trichotillomanie, un trouble peu connu

La trichotillomanie fait partie des maladies mentales présentées par le DSM5 (la dernière et cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, et des troubles psychiatriques de l'Association Américaine de Psychiatrie). Les personnes qui en souffrent s'arrachent de manière répétée les cheveux, les sourcils, les cils ou tout poil présent sur leur corps. Les zones peuvent varier, évoluer selon les périodes, mais surtout, ces arrachages se font de manière automatique. C'est-à-dire que les trichotillomanes ne réalisent pas nécessairement qu'ils sont en train de s'arracher les cheveux.

Contrairement à des troubles obsessionnels ou des troubles dysmorphiques, la trichotillomanie est généralement liée au stress et à l'anxiété : le fait de s'arracher les cheveux apporte un soulagement ou un sentiment de satisfaction aux patients. Ce trouble survient généralement juste avant ou pendant la puberté, et il touche majoritairement les femmes, qui représenteraient entre 80 et 90% des adultes concernés, selon les estimations des professionnels de santé.

Phénomène encore peu connu du grand public, la trichotillomanie n'est pourtant pas si rare. Une étude publiée en 2017 par le Pan African Medical Journal affirmait que ce trouble concernait 1 à 2% de la population mondiale, soit une à deux personnes sur cent. Toutefois, 17 à 75% des trichotillomanes cachent leur trouble à leur entourage, ce qui le rend difficile à détecter.

Des conséquences tout au long de sa vie

Après avoir gardé le silence pendant de nombreuses années, Amy Schumer a pris la parole à ce sujet en l'évoquant dans sa dernière série, Life & Beth, bien décidée à briser le tabou autour de cette pathologie. Elle y décrit la trichotillomanie comme étant son "grand secret", et a accepté de revenir sur le sujet dans les colonnes du Hollywood Reporter : "Je pense que tout le monde a un grand secret, et c'est le mien. Mais je suis fière de savoir qu'il n'a jamais fait de mal à qui que ce soit d'autre que moi, car j'ai longtemps eu honte à cause de ça."

Ce problème, la comédienne a commencé à l'expérimenter dès son enfance, et il s'est aggravé à l'adolescence. "Quand j'avais 13 ans, je m'arrachais tellement les cheveux que j'ai dû porter une perruque pour aller à l'école", a-t-elle confié sur le plateau du talk show d'Howard Stern. "C'était humiliant, et très difficile à vivre. Je devais déjeuner dans le bureau de l'infirmière car les autres enfants pensaient que j'allais les rendre malades." Mais à l'époque, Amy Schumer a mis beaucoup de temps à comprendre que derrière ce geste compulsif se cachait un problème bien plus grave : "Je pensais que j'allais bien. Je ne réalisais pas que je n'allais pas bien, et que le fait de m'arracher les cheveux était un symptôme de ce mal-être. Je ne réalisais parfois même pas que je m'arrachais les cheveux, avant de me rendre compte qu'il y avait une énorme pile à mes pieds."

Un véritable impact sur l'estime de soi

Le témoignage d'Amy Schumer met parfaitement en lumière deux des principaux aspects de la trichotillomanie : le fait que les personnes qui en souffrent ne réalisent pas ce qu'elles sont en train de faire, et l'impact important sur la confiance en soi et en son apparence. La plupart des patients qui souffrent de ce trouble se sentent en effet gênés, que ce soit par leur apparence comme par leur incapacité à contrôler ce comportement. Mais le fait de s'arracher les cheveux est généralement le symptôme d'un mal plus profond : le DSM5 précise en effet que la majeure partie des trichotillomanes souffrent d'un trouble dépressif majeur.

Le fait d'être diagnostiqué est donc un premier pas vers la guérison, puisque cela va vous permettre de suivre un traitement adapté, par voie médicamenteuse à l'aide d'inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ou la clomipramine (comme certains antidépresseurs, par exemple), ou encore grâce à une thérapie cognitive et comportementale dans le but de renverser cette attitude.

Toutefois, le chemin vers la guérison peut être long et parsemé de potentielles rechutes. Amy Schumer l'a confirmé : "Ce n'est pas un problème que j'ai eu par le passé et que je n'ai plus. C'est un trouble contre lequel je continue à lutter." D'ailleurs, la naissance de son petit garçon a été une source d'inquiétude, car comme bon nombre de maladies mentales, la trichotillomanie peut être génétique, et donc héréditaire. "À chaque fois qu'il se touche la tête, je fais une crise cardiaque." Mais avec sa série, qui a d'ailleurs été saluée par des associations de prévention contre ce type de troubles, la comédienne espère changer les idées reçues : "Je pensais que le fait d'en parler m'aiderait à ne plus avoir honte, et j'espère que cela aidera d'autres personnes également."

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