Un député britannique, inquiet de la hausse potentielle des avortements de filles, souhaite faire interdire un test capable de déterminer le sexe du bébé

Un député souhaite faire interdire le test prénatal non invasif (NIPT) chez les femmes enceintes [Photo: Getty]
Un député souhaite faire interdire le test prénatal non invasif (NIPT) chez les femmes enceintes [Photo: Getty]

Le parti travailliste souhaite interdire aux futurs parents d’effectuer des tests sanguins visant à déterminer le sexe de leurs bébés lors des premières phases de la grossesse.

En effet, certains membres pensent que ce test pourrait entraîner la hausse des avortements de filles, à cause de la préférence pour les garçons de certaines cultures.

À l’origine, le test prénatal non invasif (NIPT) est utilisé pour détecter certaines conditions génétiques lors de la grossesse, comme le syndrome de Down. Il devrait bientôt être mis en place par le NHS en tant que nouvelle pratique des services de dépistage prénatal.

Le test permet également de déterminer le sexe du bébé, ce qui inquiète certains députés.

“Le dépistage du test prénatal non invasif (NIPT) devrait être utilisé aux fins prévues, c’est-à-dire détecter des maladies graves comme le syndrome de Down”, confie le député du parti travailliste Naz Shah, ministre de l’ombre des femmes et de l’égalité, dans le cadre du programme Victoria Derbyshire de la BBC.

“Le gouvernement doit se pencher sur cette pratique abusive et appliquer des restrictions adaptées”.

Selon un rapport du Nuffield Council on Bioethics, Genetic Alliance UK reconnaît le danger des avortements basés sur le sexe liés aux tests NIPT, mais considère qu’interdire les tests pourrait limiter les options des femmes en matière de reproduction.

“On ne devrait pas interdire aux femmes de découvrir le sexe du fétus dans le cadre des NIPT, comme cela est recommandé par le UK NSC”, peut-on lire. “Au Royaume-Uni, l’opposition publique à la sélection du sexe pour raisons non-médicales a été démontrée clairement et à plusieurs reprises, y compris sous la forme d’une interdiction précise : le Human Fertilisation and Embryology Act 2008”.

Les tests NIPT ont pour but de révéler des anomalies génétiques comme le syndrome de Down, mais peuvent également révéler le sexe du bébé [Photo: Getty]
Les tests NIPT ont pour but de révéler des anomalies génétiques comme le syndrome de Down, mais peuvent également révéler le sexe du bébé [Photo: Getty]

“Cependant, il est très difficile d’appliquer cela sans entraîner de conséquences négatives sur l’autonomie reproductive de la femme. Toute régulation qui, par exemple, tenterait de pénaliser une femme qui décide de sélectionner le sexe de son bébé pour des raisons apparemment non-médicales, aurait non seulement des conséquences sur les droits de la femme au Royaume-Uni, mais ne serait pas efficace non plus, car il est facile de contourner les régulations du Royaume-Uni en voyageant ou en envoyant des échantillons sanguins à l’étranger”.

Dans ce même rapport, BPAS exprime également l’idée selon laquelle les femmes devraient pouvoir accéder à des informations sur le sexe du fétus grâce au NIPT, confiant que les inquiétudes autour des avortements basés sur le sexe ne justifient pas de limiter l’accès des femmes à ce type d’information.

“L’idée selon laquelle les femmes utilisent des informations sur le sexe du fétus pour prendre des décisions relatives à l’avortement a récemment été utilisée par des députés qui s’opposent aux choix de la femme en matière de reproduction afin d’imposer de nouvelles restrictions et limiter l’accès à l’avortement”, a confié un porte-parole de BPAS.

“BPAS a travaillé avec des organisations qui soutiennent les femmes victimes de violences fondées sur le principe de l’honneur ainsi que des communautés dans lesquelles la préférence pour les garçons est problématique, et ce afin d’aider les membres du parlement à comprendre que la solution aux problèmes d’inégalité des sexes ne consiste pas à limiter encore davantage les droits reproductifs des femmes”.

Marie Claire Dorking