Une gynécologue encourage les femmes à ne pas se débarrasser de leurs poils pubiens

Raser cette zone peut entraîner des coupures, des écorchures, voire des infections. [Photo: Getty]
Raser cette zone peut entraîner des coupures, des écorchures, voire des infections. [Photo: Getty]

Une gynécologue encourage les femmes à ne pas se débarrasser de leurs poils pubiens.

Le Dr Jen Gunter, auteure de The Vagina Bible, confie que s’épiler ou raser cette zone peut créer un « traumatisme microscopique » et des infections.

Le but des poils pubiens est encore mystérieux, mais le look « au naturel » serait recommandé, car les poils agissent comme une barrière contre le monde extérieur.

Le style « brésilien » limiterait également le plaisir sexuel, car les poils pubiens sont reliés à des terminaisons nerveuses susceptibles de stimuler la zone, d’après le Dr Gunter.

L’« entretien » des poils pubiens est quasiment devenu la norme, pour beaucoup à cause de l’industrie du porno.

Des scientifiques de l'université de Californie à San Francisco (UCSF), se sont penchés sur le sujet en étudiant plus de 3 300 femmes.

Parmi elles, 83,8 % ont confié s’épiler à la cire, se raser ou s’épiler les poils pubiens, et 16,2 % d’entre elles conservaient donc un style au naturel.

L’« hygiène » était la principale raison mentionnée (59 %).

Mais, Dr Gunter confie que s’épiler, se raser ou utiliser la technique du « sugaring », qui consiste à mélanger du sucre, du jus de citron et de l’eau pour créer une sorte de cire, pourraient faire plus de mal que de bien.

« Cela entraîne des traumatismes microscopiques sur la peau », a-t-elle confié à la BBC.

La gynécologue précise qu'elle examine parfois des femmes qui ont des coupures, des écorchures et même des infections suite à une épilation ratée.

« Les poils pubiens jouent un rôle, et il s’agit probablement d’une barrière mécanique et d’une protection pour la peau », confie-t-elle.

« Ils peuvent également avoir un impact sur les rapports sexuels, car chaque poil pubien est attaché à une terminaison nerveuse, d’où la douleur quand on les arrache ».

Pourquoi avons-nous des poils pubiens ?

Le rôle des poils pubiens n'est pas encore tout à fait clair.

La plupart des experts pensent que les poils ont un rôle lié à la libération de phéromones, des produits chimiques associés à l'excitation.

Les phéromones seraient « piégées dans les poils pubiens lorsque les glandes libèrent une sécrétion inodore sur la peau qui est combinée avec des bactéries décomposées par la sécrétion d'autres glandes”, d'après un expert de l'université de Columbia à New York.

Cela produit une odeur corporelle qui varie d'une personne à l'autre.

Certaines études suggèrent que les femmes sont attirées par les phéromones qui diffèrent considérablement des leurs, car cela suggère une diversité génétique, précise l'expert.

D'autres théories évoquent la chaleur ou la « propreté » du vagin.

« Les poils pubiens empêchent la saleté et les particules d'entrer dans le vagin », précise le scientifique de l’université de Columbia.

Certains soutiennent cependant que les hommes auraient sûrement plus de poils le long du pénis et autour du scrotum s’il s’agissait d’une question de chaleur.

La théorie de la protection ne fait pas non plus l’unanimité, car les hommes n'ont pas de « rembourrage » similaire autour de l'ouverture de leur urètre.

Les humains retireraient leurs poils depuis les temps préhistoriques.

Des « pinces à épiler » créées à partir de coquillages ont même été trouvées dans des grottes.

Les Égyptiens associaient apparemment également les poils à la saleté.

Retirer les poils pubiens pourrait présenter certains avantages, notamment pour lutter contre les poux.

Ces minuscules insectes vivent sur les poils humains épais, comme ceux qu’on retrouve autour des organes génitaux, d'après le NHS.

Les poux se propagent suite à un contact cutané, généralement lors de rapports sexuels.

Ils prospèrent sur les organes génitaux, mais peuvent également se plaire sur les aisselles, les jambes, la poitrine, l'abdomen, le dos, le visage, et même les sourcils et les cils.

En gros, dès qu’il y a des poils.

De nos jours, les femmes sont moins susceptibles de retirer leurs poils pubiens à cause des poux.

« La popularisation de la pornographie qui dépeint les organes génitaux nus, les magazines populaires et la télévision sont les principaux moteurs de cette tendance aux États-Unis », confie le scientifique de l’UCSF dans la revue JAMA Dermatology.

Dans le cadre de leur étude, 875 femmes (31,5 %) confiaient entretenir leurs poils pubiens afin que « leurs parties génitales soient plus séduisantes ».

Et 586 (21,1 %) confiaient que c’était le « choix de leur partenaire ».

La plupart des femmes (55,6 %) ont confié retirer leurs poils pubiens avant d’avoir des relations sexuelles.

Ou juste avant de partir en vacances (45,7 %) ou de « consulter un professionnel de la santé » (40 %).

Dr Gunter encourage celles qui souhaitent continuer à se débarrasser de leurs poils pubiens d’utiliser un rasoir propre et de se raser dans le sens du poil.

Vous risquez autrement d’avoir des poils incarnés, une source d’infection.

Celles qui se font épiler à la cire par des professionnels doivent s’assurer que les bâtonnets ne sont pas plongés dans la cire deux fois.

Cela pourrait entraîner la diffusion de bactéries entre les différentes clientes, confie le Dr Gunter.

Alexandra Thompson