Une manière bizarre de parler pourrait soulager le stress

Vous vous êtes sûrement parlé à vous-même à un moment ou un autre, même si vous n’en êtes pas forcément fier. Certains le font plus souvent que d’autres, mais une nouvelle étude a découvert que se parler à soi-même d’une certaine manière pourrait aider à faire face à des situations stressantes, sans même avoir besoin de parler à voix haute.

Une nouvelle étude a découvert que se parler à soi-même à la troisième personne permettrait d’affronter des situations stressantes plus facilement. (Photo : Getty Images)
Une nouvelle étude a découvert que se parler à soi-même à la troisième personne permettrait d’affronter des situations stressantes plus facilement. (Photo : Getty Images)

Des chercheurs en psychologie de l’université d’État du Michigan et de l’université du Michigan ont découvert que se parler à soi-même à la troisième personne permettrait de contrôler ses émotions et de se sentir moins stressé dans des situations tendues. Petit rappel : se parler à la troisième personne signifie que vous utilisez votre prénom au lieu de « je » (par ex : « Chris est triste ») ; parler à la deuxième personne signifie que vous utilisez le mot « tu » pour parler de vous (« Tu es triste ») ; alors que parler à la première personne signifie que vous utilisez « je » ou « moi » (« Je suis triste »).

Les scientifiques de l’étude publiée dans Scientific Reports ont mené un ensemble de tests en demandant aux participants de regarder des images neutres et dérangeantes ou de repenser à des expériences douloureuses du passé en parlant à la première et à la troisième personne, pendant que leur activité cérébrale était surveillée. Dans les deux cas, l’activité cérébrale liée aux émotions diminuait très rapidement lorsque les participants utilisaient la troisième personne, limitant ainsi le stress constaté lorsqu’ils utilisaient la première personne pour parler d’eux-mêmes.

Le co-auteur de l’étude Jason Moser, professeur adjoint en psychologie à l’université d’État du Michigan, a confié à Yahoo Beauty que lui et son collègue Ethan Kross (PhD) de l’université du Michigan, avaient décidé d’étudier le sujet afin de trouver de nouvelles manières simples de lutter contre le stress. « Nous avons remarqué que les gens avaient cette tendance naturelle de se parler à eux-mêmes à la troisième personne », confie J. Moser, en mentionnant l’exemple de LeBron James au moment où il a décidé de quitter les Cleveland Cavaliers, une décision difficile, d’après L. James. La star de la NBA avait précisé à l’époque : « Je souhaitais faire le nécessaire pour LeBron James et faire ce qui rend LeBron James heureux ».

Moser confie que lui et E. Kross s’étaient dit qu’il ne s’agissait probablement pas uniquement d’une « bizarrerie » : « c’est peut-être un réflexe inconscient qui aide certaines personnes en cas de stress ».

Il confie que de nombreuses personnes font déjà ça. « D’après nous, il s’agit d’un automatisme dans le cerveau, on arrête de penser à soi et d’utiliser le terme « je » afin de créer une certaine distance psychologique en utilisant son propre nom », confie J. Moser. En gros, utiliser son propre prénom au lieu du « je » pourrait aider à réfléchir de manière plus claire et moins émotionnelle dans le cas de situations stressantes, comme si vous observiez quelqu’un d’autre faire face à cette expérience.

Se parler à soi-même à la troisième personne fait partie des techniques fondamentales apprises par les thérapeutes et utilisées pour aider les personnes qui souffrent de stress, confie à Yahoo Beauty le psychologue clinicien John Mayer (PhD), auteur de Family Fit: Find Your Balance in Life. « Ce processus qui consiste à créer une perspective objective vis-à-vis de la vie, des sentiments ou du comportement de quelqu’un est associé à un pouvoir de guérison bien connu », confie-t-il.

Se parler à soi-même à la deuxième personne pourrait également aider. J. Moser confie qu’il a remarqué que de nombreux athlètes employaient cette technique, surtout suite à des défaites. « On ne sait pas exactement quand cela se produit, mais les gens semblent se distancer un peu d’eux-mêmes lorsqu’ils font face à des difficultés », confie-t-il. « ‘Je’ serait davantage bénéfique quand vous souhaitez faire quelque chose de positif ».

Il ne s’agit pas de l’unique manière de se réconforter verbalement, d’après J. Mayer, mais c’est surtout une question personnelle. « Chaque personne doit développer ses propres ‘mantras’ afin de trouver des moyens rapides de gérer son stress », confie J. Mayer . « Pour cela, il est nécessaire de tester différents mantras et d’opter pour ceux qui fonctionnent le mieux ».

Alors, ne croyez pas que quelque chose cloche chez vous si vous remarquez que vous utilisez la troisième personne quand vous vous sentez troublé. C’est relativement normal, et pourrait même indiquer que vous vous débrouillez bien face à la situation.

Korin Miller