Une pilule contraceptive pour hommes pourrait bientôt être disponible, mais seriez-vous prêt à la prendre ?

Les femmes font-elles suffisamment confiance aux hommes pour qu’ils prennent la pilule ? [Photo: Getty]
Les femmes font-elles suffisamment confiance aux hommes pour qu’ils prennent la pilule ? [Photo: Getty]

L’arrivée d’une pilule contraceptive pour hommes pourrait être plus proche qu’on ne le pense.

En effet, une équipe de chercheurs en Écosse souhaite développer un médicament qui permettrait de bloquer la circulation du sperme.

L’équipe de l’université de Dundee a commencé à développer une pilule contraceptive grâce à une subvention d’environ 900 000 dollars (environ 800 000 euros) obtenue auprès de la fondation Bill and Melinda Gates.

Si l’équipe atteint son objectif, des millions de grossesses non souhaitées pourraient être évitées aux quatre coins de la planète.

“Le sperme se déplace très rapidement chez les humains”, confie à la BBC le professeur Christopher Barratt, chef du “Reproductive Medicine Group” (groupe de médecine reproductive) à l’université de Dundee.

“Un peu à la vitesse d’Usain Bolt si vous voulez. Notre objectif consiste à trouver des produits chimiques capables de stopper ce type de mouvement”.

“D’arrêter le sperme pendant qu’il a encore les pieds dans les starting-blocks au lieu de le laisser franchir la ligne d’arrivée du 100 mètres”.

L’équipe espère trouver un médicament capable d’imiter l'infertilité masculine.

Les tentatives précédentes visant à créer une pilule masculine ont jusqu’à présent échoué à cause des effets secondaires indésirables, mais l’équipe espère identifier un composé fiable au cours des 5 prochaines années.

Les hommes pourraient ainsi commencer à tester la pilule une fois cette période passée.

Plus tôt dans l’année, des scientifiques ont révélé qu'une méthode de contraception expérimentale pour hommes semblait prometteuse.

La pilule, qualifiée de “progrès important” et prise une fois par jour, a été testée avec succès auprès de 83 hommes pendant 1 mois par des chercheurs de l’université de Washington.

Tout comme la plupart des pilules contraceptives féminines, la pilule, appelée “dimethandrolone undecanoate” ou DMAU, est constituée d’un mélange d’hormones : un androgène, comme la testostérone, et un progestatif de synthèse.

Cette nouvelle forme de contraception fonctionne en diminuant le taux de testostérone et de 2 hormones nécessaires à la production du sperme.

Ainsi, les hommes qui adoptent cette forme de contraception ne produisent pas suffisamment de sperme pour que leur partenaire tombe enceinte.

De plus, les effets secondaires de la pilule masculine souvent constatés au cours des tentatives précédentes, comme les problèmes de foie ou la libido limitée, étaient globalement absents du test effectué pendant 1 mois.

Il existe actuellement plusieurs types de contraception au Royaume-Uni, mais la majorité sont destinés aux femmes [Photo: Getty]
Il existe actuellement plusieurs types de contraception au Royaume-Uni, mais la majorité sont destinés aux femmes [Photo: Getty]

Mesdames : feriez-vous confiance à votre partenaire en matière de contraception ?

La pilule masculine débarquerait ainsi près de 70 ans après l’introduction de la pilule contraceptive pour femmes (la pilule n’est toutefois proposée par le NHS que depuis 1961 au Royaume-Uni par exemple).

À l’exception des préservatifs, qui ont été inventés dès 1855, aucune méthode de contraception temporaire pour hommes n’a encore été proposée. La pilule masculine pourrait donc créer une vraie révolution si les tests continuent d’être concluants.

Reste encore à savoir si les hommes seraient prêts à la prendre, et si les femmes leur feraient suffisamment confiance.

De nombreuses femmes risquent d’être ravies à l’idée de ne plus avoir à souffrir de boutons d’acné, de sautes d’humeur et de baisse de libido associés à la prise de contraceptifs hormonaux, mais certaines ne sont pas certaines de pouvoir faire confiance à leur homme.

Un sondage réalisé sur Twitter par Refinery29 l’année dernière cherchait à déterminer si les femmes hétérosexuelles en couple avec des hommes seraient prêtes à faire confiance à leur compagnon actuel ou futur en matière de fertilité. 59 % ont répondu que non, 38 % étaient prêtes à leur faire confiance et 3 % ne savaient pas.

Et qu’en pensent les hommes ?

Ils semblent plutôt convaincus.

Un sondage YouGov diffusé en septembre dernier a révélé qu’un homme sexuellement actif sur 3 (33 %) envisagerait de prendre la pilule masculine ; soit un pourcentage similaire à celui des femmes qui utilisent actuellement une contraception hormonale.

Un peu plus d’un quart (27 %) confiaient “ne pas souhaiter prendre la pilule du tout”, et un autre quart (23 %) confiaient qu’ils ne la prendraient “probablement pas”.

Fait intéressant, ces résultats semblent encourageants en terme de répartition de la responsabilité, 8 britanniques sur 10 considérant que les hommes et les femmes devraient la partager.

Que la pilule masculine voit bientôt le jour ou non, mieux répartir cette lourde responsabilité entre les hommes et les femmes serait forcément une bonne chose.

Marie Claire Dorking