Valeria Bruni Tedeschi : « Le cinéma me permet de convoquer les morts »

Le cinquième long-métrage de Valeria Bruni Tedeschi, ici à Cannes en 2022, est sans doute le plus abouti tant on navigue subtilement entre fiction et réalité.  - Credit:PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP
Le cinquième long-métrage de Valeria Bruni Tedeschi, ici à Cannes en 2022, est sans doute le plus abouti tant on navigue subtilement entre fiction et réalité. - Credit:PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP

Pour les amoureux des planches, l'école de comédiens du Théâtre des Amandiers de Nanterre, dirigée dans les années 1980 par Patrice Chéreau et Pierre Romans, représente un mythe. Un lieu des possibles. « C'était l'endroit où toutes les jeunes actrices et tous les jeunes acteurs de l'époque voulaient être », confie Valeria Bruni Tedeschi, assise sur un canapé. Poursuivant son autobiographie imaginaire après Les Estivants, la cinéaste rouvre avec Les Amandiers son album de souvenirs. C'est dans cette école qu'elle a appris le métier aux côtés d'autres comédiens débutants, comme Agnès Jaoui, Marianne Denicourt ou Vincent Perez. La dalle et le parc de Nanterre, les années 1980, le sida et la drogue, Chéreau et ses méthodes déstabilisantes…

La caméra de la réalisatrice bascule avec tendresse entre le travail de la troupe de comédiens et la passion liant deux d'entre eux, Stella, son double de fiction, incarnée par Nadia Tereszkiewicz (formidable) et Étienne (bel écorché joué par Sofiane Bennacer). Ce cinquième long-métrage de Valeria Bruni Tedeschi est sans doute le plus abouti tant on navigue subtilement entre fiction et réalité. L'ex-élève des Amandiers parvient à montrer la part d'ombre de son ancien maître. Louis Garrel, en Patrice Chéreau taiseux et impitoyable, et l'exceptionnel Micha Lescot, en Pierre Romans irrévérencieux, font revivre les icônes. On n'avait pas vu de si beau film choral depuis 120 Battements par minute, de Robin Campillo. Entretien avec [...] Lire la suite