Les villes françaises sont-elles pensées pour les hommes ?

Les villes françaises sont-elles pensées pour les hommes ?

Face à la caméra, la petite fille dessine tout sourire sa cour d’école sur une feuille de papier. Elle y sépare l’espace occupé par les garçons qui "jouent au foot" et celui qu’il reste aux autres, les écolières en majorité. Intitulé Espace*, ce court-métrage résume en moins de huit minutes comment fonctionne l’hégémonie masculine dans les lieux publics, sans avoir l’air d’y toucher. Il témoigne en passant d’un problème majeur : l’inégalité s’installe dès l’enfance. Elle perdure à l’âge adulte.

* D’Eléonor Gilbert, visible sur www.eleonor-gilbert.fr.

Pour s’en convaincre, il suffit d’observer. "La ville est faite pour un homme d’1 mètre 80, constate Corinne Luxembourg. Bancs, chaises, tables… depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, tout est normé, à destination d’une personne athlétique, bien portante, sans handicap." Or, d’après cette enseignante-chercheuse en aménagement urbain, s’asseoir confortablement dans la rue, à la bonne hauteur, est une liberté fondamentale. Quand elles en sont privées, les femmes, notamment les plus âgées, disparaissent de la cité. "Les vieilles dames répugnent à aller au café quand les hommes du même âge y cultivent leur sociabilité d’avant, note-t-elle. D’autant plus qu’elles ont moins d’argent. Le problème est le même avec les sanitaires : une femme enceinte ou qui a ses règles, et plus encore quand elle vieillit, a besoin d’aller aux toilettes publiques." Or, il y en a de moins en moins. A Lille, treize, en tout et pour tout. Pressée par ses (...)

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