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Emmanuel Macron a appelé lundi la France et l'Europe à "savoir coopérer" avec Donald Trump, mais a vivement dénoncé, dans le même discours, une "nouvelle internationale réactionnaire" soutenue selon lui par le milliardaire Elon Musk, allié de poids du président élu des Etats-Unis.Présentant sa feuille de route de politique étrangère aux ambassadeurs de France réunis à l'Elysée, le président français a semblé vouloir jouer sur les deux tableaux, en éreintant le patron de Tesla, X et Space X, tout en ménageant le tribun populiste qui fera son retour à la Maison Blanche le 20 janvier.Fort de son "expérience", Emmanuel Macron, au pouvoir depuis 2017, a invoqué le premier mandat du républicain pour relativiser les craintes européennes."De 2016 à 2020, la France a su travailler avec le président Trump", malgré "des désaccords", et l'Europe n'a "pas démérité" alors qu'"on nous prédisait le pire", a-t-il déclaré."Si on décide d'être faible et défaitiste, il y a peu de chances d'être respecté par les États-Unis d'Amérique du président Trump. Et donc à bon entendeur, salut! A nous de savoir coopérer avec le choix qui a été fait par le peuple américain", a martelé le chef de l'Etat. Il a assuré que le revenant le plus célèbre du monde "sait qu'il a en France un allié solide".Depuis l'élection du milliardaire début novembre, Emmanuel Macron tente de rééditer le scénario de 2017, surjouant l'entente avec son homologue. Il a été le premier à l'accueillir à l'étranger, pour la réouverture de la cathédrale Notre-Dame début décembre, qui lui a permis de faire un coup diplomatique en le réunissant avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.Il y a huit ans, cette stratégie n'avait pas empêché Donald Trump de retirer Washington d'accords cruciaux, sur le climat ou le nucléaire iranien.Mais le président français n'en démord pas. "C'est toujours mon approche, il faut avoir un lien personnel avec les gens qui pensent très différemment de nous, créer du respect", glissait-il récemment en petit comité. "On ne peut pas tout changer, mais on peut démêler des choses", estimait-il.- "Pensée unique" -Parallèlement à sa main tendue, Emmanuel Macron a aussi critiqué les positions du 47e président américain.Sur le climat d'abord, son retour comporte "un risque très important d'une régression" des efforts internationaux, a-t-il averti.Sur l'Ukraine ensuite, "il n'y aura pas de solution rapide et facile", a-t-il tancé, alors que Donald Trump avait promis un règlement express, laissant craindre aux Occidentaux qu'il était prêt à beaucoup céder à la Russie.Alors que son élection semble faire bouger des lignes, le président français l'appelle maintenant à "convaincre la Russie de venir à la table des négociations".Mais Emmanuel Macron s'en est aussi pris indirectement au tribun populiste en attaquant le mouvement de pensée qui a accompagné sa victoire et dont il est le symbole. Et surtout, sans le nommer, Elon Musk, devenu l'un de ses principaux alliés."Voilà dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d'un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une nouvelle internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections, y compris en Allemagne, qui l'aurait imaginé?", a-t-il lancé devant ses diplomates.Sur X, le milliardaire a récemment commencé à s'en prendre à de nombreux dirigeants européens, dont le social-démocrate allemand Olaf Scholz, confronté à des législatives délicates, ou le travailliste britannique Keir Starmer. Et à soutenir ouvertement des partis d'extrême droite, comme l'allemand AfD.Les propos d'Emmanuel Macron devraient refroidir les bonnes relations qu'il affichait jusqu'ici avec Elon Musk, invité lui aussi à Notre-Dame, ainsi qu'au sommet sur l'intelligence artificielle prévu en février à Paris."Nous avons tant à faire ensemble", s'enthousiasmait le président français en 2023 après l'une de leurs nombreuses rencontres, au moment où il espérait le convaincre d'installer une usine de batteries Tesla en France.Emmanuel Macron a donc appelé avec force à ne pas céder à "une espèce de fascination mortifère pour l'internationale des réactionnaires". "Ils sont très forts, ils ont de l'argent", mais ils incarnent désormais "la pensée unique"."Nos démocraties libérales n'ont pas été assez efficaces face aux défis des classes moyennes, ça c'est vrai", mais ça ne veut pas dire "que les démocraties illibérales ou les régimes autoritaires seraient plus efficaces", a martelé le président français.vl-fff/hr/swi