Vitaa, trop belle pour faire carrière dans le rap ? "On me disait de miser sur mon physique, de me taper un rappeur"

"Charlotte" n'est pas que le nom du nouvel album de Vitaa, dans les bacs ce vendredi 6 octobre 2023. C'est aussi le véritable prénom de la chanteuse, qui enchaîne les tubes depuis plus de 20 ans, et le titre du premier single de son nouvel opus. La meilleure amie de Diam's l'affirme dans les paroles : le rap reste un milieu sexiste, dans lequel elle a eu du mal à se faire une place.

"On m'a dit "tu chantes bien, c'est sur ton corps qu'il faut miser" (...) Une femme dans un milieu d'obsédés, sois belle pour vendre des CD", chante-t-elle notamment avant d'affirmer : "Même si l'histoire est belle, j'ai du mal à respirer."

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Vitaa ne voulait pas être "une bimbo"

Invitée sur le plateau de l'émission de Léa Salamé sur France Inter, la chanteuse désormais âgée de 40 ans dresse un bilan amer de ses débuts dans les années 2000. "Cette chanson est un règlement de compte avec tous les gens du métier qui m'ont mis des bâtons dans les roues pendant des années", affirme-t-elle.

"C'était une ère où être une femme avec un physique, pulpeuse, grande, ne m'a pas aidée. Ça aurait dû être un atout et puis finalement, parce que j'avais des choses à dire, que j'étais auteure et que je n'étais pas une bimbo, ça ne m'a pas aidée." A l'époque en effet, les rappeuses étaient rares, et le style très féminin de Vitaa n'a pas joué en sa faveur. Elle l'avait d'ailleurs confié à Konbini : le soutien de son amie Diam's a été un vrai moteur pour sa carrière. C'est ensemble qu'elles ont écrit le titre "Confessions nocturnes", devenu culte.

Des conseils déplacés pour "faire le buzz"

Preuve que bon nombre de personnes ne croyaient pas que le talent de Vitaa suffirait pour lui permettre de faire carrière, la chanteuse avoue avoir "eu droit à toutes sortes de réflexions", dont l'une d'entre elles, qui est restée gravée dans sa mémoire : "On m'a dit 'Tu es mignonne, tu devrais sortir avec un rappeur d'abord pour te faire un nom, ça peut t'aider à faire un buzz'. Alors que je viens démarcher les maisons disques avec un album."

Des propos aberrants pour Léa Salamé : "On vous dit 'Va te taper un rappeur comme ça peut-être que ça marchera ?", interroge-t-elle. Et Vitaa de confirmer, affirmant avoir été "déconcertée" par ce "rendez-vous dans une maison de disques". Cette dernière n'est d'ailleurs pas la seule à avoir dénoncé le sexisme dans le monde de la musique. En 2020, le mouvement #MusicToo dérivé du mouvement #MeToo avait permis à de nombreuses artistes de dénoncer les dérives sexistes de cet univers. Parmi elles, Flore Benguigui avait dévoilé dans "C à vous" une phrase entendue de la part d'un chanteur, alors qu'elle n'avait que 20 ans : "Il m'a dit : 'Moi tout ce qui m'intéresse, c'est que tout le monde ait envie de te baiser'."

De son côté, comme Vitaa, Barbara Pravi a eu du mal à s'imposer en tant qu'autrice-compositrice-interprète : "Lorsque j'ai signé chez Capitol il y a trois ans, c'était un autre patron qui bossait dans le label et le gars m'a signée parce qu'il voulait faire de moi une petite chanteuse qui ne parlait pas trop, dont on se foutait un peu, qui n'avait pas de positions fortes. Juste parce que je mesure 1 mètre 59, que je suis un peu mignonne et que j'ai l'air sympa. Quand j'ai compris ça, j'ai rapidement refusé parce que j'écris mes textes, j'ai des choses à raconter. J'ai été mise au placard et s'il était resté à ce poste, j'y serais restée", avait-elle confié à Terrafemina.

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