Vous risquez de manger plus à cause du stress à ce moment de la journée…
Vous avez peut-être remarqué ça pendant des sessions de révision tardives ou des longs repas de famille. Pour certains d’entre nous, il s’agit plutôt de commander à manger après une journée qui n’en finit pas. Cette habitude problématique de trop manger semble s’amplifier dans la soirée, surtout quand on est stressé. Une nouvelle étude publiée dans l’International Journal of Obesity indique que cette tendance est bien réelle, et que les hormones pourraient bien être en cause.
« Nous savons déjà que les hormones de l’appétit peuvent être différentes en soirée : les taux d’hormones de satiété peuvent être plus bas, et ceux des hormones de l’appétit plus élevés », a confié à Yahoo Lifestyle Susan Carnell, professeure adjointe en psychiatrie et sciences comportementales à l’école de médecine de l’université Johns-Hopkins, et l’un des principaux auteurs de l’étude. Elle et ses collègues souhaitaient comprendre ce phénomène, en particulier chez ceux qui souffrent du syndrome d’hyperphagie incontrôlée (BED) lié au stress.
Les chercheurs ont étudié 32 adultes obèses (dont la moitié étaient atteints d’hyperphagie incontrôlée) soit le matin, soit le soir. Les sujets devaient boire un repas liquide ‘Boost’ suite à un jeûne de huit heures avant de placer leurs mains dans de l’eau glacée pendant deux minutes afin de créer une situation de stress. Une demi-heure plus tard, ils avaient l’opportunité de manger ce qu’ils souhaitaient en profitant d’un buffet constitué de pizza, de chips, de cookies et de bonbons. Des prélèvements sanguins avant, pendant et après chaque étape ont permis d’indiquer leurs niveaux de ghréline, une hormone liée à l’appétit, de cortisol, une hormone liée au stress, et de ‘peptide YY’ (PYY-36), une hormone liée à la satiété.
Susan Carnell a confié qu’ils s’attendaient à constater des taux de ghréline plus élevés et des taux de PYY-36 plus faibles le soir que le matin chez les personnes atteintes d’hyperphagie. Étonnamment, les deux types de sujets, atteints ou non du syndrome, avaient réagi au stress en présentant des taux de ghréline plus élevés dans la soirée que le matin. Le niveau d’appétit subjectif rapporté par les sujets du soir était également plus important. La principale différence entre les sujets atteints du syndrome et les autres, c’est qu’une fois le buffet terminé, le groupe du soir atteint du syndrome présentait un taux de PYY-36 inférieur (une sensation de satiété moindre) à celui des sujets observés le matin.
« Cela montre que des raisons biologiques pourraient expliquer pourquoi nous sommes davantage susceptibles de manger plus en soirée », a confié S. Carnell. Elle ne peut pas encore préciser si les taux hormonaux sont responsables des excès en soirée ou s’il s’agit plutôt d’une conséquence, car l’étude n’est encore qu’un simple aperçu de la réaction des sujets en laboratoire, et non un test réalisé sur une certaine période. Elle pense toutefois que ses conclusions pourraient aider certaines personnes à décider s’il s’agit d’un problème qui les concerne.
« Vous pouvez surveillez votre propre comportement et déterminer si vous vous sentez concerné », a-t-elle confié. « Vous pourriez ainsi décaler la majorité ce que vous consommez plus tôt dans la journée, lorsque vous êtes moins susceptibles de trop manger, en prenant par exemple un déjeuner plus copieux ou en dînant plus tôt ».
Elle reconnaît qu’on ne peut pas tout contrôler, surtout le stress.
« J’ai l’impression d’être le sujet de ma propre étude en ce moment, car j’ai un bébé et je suis très occupée dans la journée, alors je mange plus dans la soirée », confie S. Carnell. « Je pense qu’il est préférable d’éviter le stress en soirée. Si vous devez travailler en soirée, travaillez en soirée, mais gardez tout ça à l’esprit quand même ».
Sabrina Rojas Weiss