"Dans les yeux d'Olivier": Entre amour et rejet de ses enfants, cette mère se confie sur "l'ambivalence maternelle"

PARENTALITÉ - La maternité se compose aussi de contradictions. Entre perte de repères et charge mentale trop importante, l’ambivalence maternelle affecte certaines femmes devenant mères.

Dans le nouveau volet de “Dans les yeux d’Olivier” diffusé ce lundi 31 janvier à 23h10 sur France 2, le présentateur Olivier Delacroix rencontre des femmes dont la parentalité se transforme en véritable épreuve. Parmi ces femmes, Julie, mère de deux enfants, se confie sur le rejet maternel qu’elle a vécu et fait vivre à ses deux enfants.

Julie, créatrice du blog parental ZunZún, revient sur son sentiment d’être une mauvaise mère, l’incompréhension et la honte dont elle a souffert à la naissance de son deuxième enfant, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

Avec son premier enfant, une fille nommée Lou, Julie vit la maternité comme un accomplissement. Elle se découvre même comme une mère louve, couvrant sa fille d’attention et d’affection. Pourtant, tout va changer avec l’arrivée du petit deuxième.

Un détachement qui prend toute la place

18 mois plus tard, alors que sa fille ne fait pas encore ses nuits, elle tombe enceinte une deuxième fois. “D’emblée, j’ai eu peur de ne pas avoir l’énergie de m’occuper de cet enfant, d’être disponible pour l’autre enfant qui est déjà là”, déclare-t-elle. Prise au dépourvu par une immense charge mentale, elle songe même à arrêter la grossesse. Et à la naissance de Marin, le détachement qu’elle ressent devant ce deuxième enfant ne disparaît pas.

Interrogée par Olivier Delacroix, Julie confie son tiraillement face à ses deux enfants. “Si je dois être bien avec un de mes enfants, il faut que je rejette l’autre”.

Cette ambivalence maternelle, déjà théorisée en 2015 par Orna Donath, dans une étude nommée “Regretting Motherhood”, le “regret d’être mère” en français, révèle les nuances du phénomène. Dans cette étude, la chercheuse israélienne fait témoigner 23 femmes. “Le regret, c’est quand une femme pense que c’était une erreur. Si elle pouvait remonter le temps, avec la connaissance, l’expérience qu’elle a aujourd’hui, elle ne deviendrait pas mère”, rappelle l’autrice de l’étude, contactée en 2019 par 20 Minutes.

En 2016, le débat sur le regret maternel agitait l’Allemagne, un pays où il règne toujours un fort consensus sur l’idée que le bien-être d’un enfant repose sur sa mère. Pour Barbara Vinken, universitaire spécialiste du “mythe de la mère allemande”, l’étude d’Orna Donath touche l’Allemagne parce qu’elle remet “radicalement en cause la joie d’avoir des enfants dans une société qui attend tout des mères, et où les mères exigent tout d’elles-mêmes”.

“Ce n’était pas un problème d’amour”

Comme le rappelle Julie qui témoigne dans l’émission d’Olivier Delacroix, “ce n’était pas un problème d’amour”. Elle estime que sa capacité à aimer était comme enfermée dans son cœur. “Je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Le contact avec ma fille était abominable pour moi”, explique-t-elle. Elle décide alors de se terrer dans le silence et de voir sa relation se dégrader avec sa fille.

Pour Orna Donath, ce tabou serait entouré de nombreux clichés sur la mère qui serait un monstre, malade, traumatisée ou encore dangereuse pour son enfant. Pourtant, l’étude montre que la majorité des femmes aiment leurs enfants tout en regrettant de les avoir eus et que les sentiments, même contradictoires, envers son enfant, ne s’excluent pas.

Avouant son hypersensibilité, Julie estime que ses blessures personnelles la rendaient “insupportable, très perfectionniste, et angoissée par le regard des autres” et ont influencé sa relation avec sa fille. Elle tente aujourd’hui de faire face à ses propres traumatismes. “Le problème avec ma fille s’est rétabli quand j’ai commencé à prendre soin de moi”, conclut-elle.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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