Zoom santé : la pilule peut-elle entraîner des caillots de sang ?
Une femme britannique de 22 ans est chanceuse d’être en vie après avoir développé un caillot de sang dans ses poumons probablement à cause de sa pilule contraceptive.
La colocataire d’Hannah Needham l’a trouvée inconsciente chez elle en mars 2017. Elle a été emmenée de toute urgence à l’hôpital, et les médecins ont conclu qu’elle souffrait d’une embolie pulmonaire.
L’embolie pulmonaire est un type de maladie thromboembolique veineuse (MTE), un caillot de sang formé dans une veine profonde. Un caillot de ce type qui se détache d’une paroi veineuse peut circuler jusqu’aux poumons et bloquer une partie, voire l’intégralité de la circulation sanguine, une situation potentiellement mortelle.
Hannah Needham avait du mal à respirer et a souffert de vertiges plusieurs semaines avant de s’effondrer. Elle a montré des signes d’insuffisance cardiaque à son arrivée à l’hôpital, et les médecins lui ont rapidement administré un anti-coagulant.
“Ils ont utilisé une voie veineuse centrale afin d’administrer des anti-coagulants directement dans l’artère de mon cœur afin qu’ils circulent dans mon corps le plus rapidement possible”, confie H. Needham au UK Mirror. “J’ai même refusé l’anesthésie locale lorsque la voie veineuse centrale a été placée pour éviter de perdre du temps”.
“Je pense que l’adrénaline et mon instinct de survie ont été activés”, a-t-elle confié.
Le risque de souffrir d’un caillot de sang à cause de la pilule est très faible, mais les femmes devraient tout de même être conscientes du risque avant de prendre des contraceptifs par voie orale. H. Needham a décidé de parler publiquement de son histoire afin de prévenir les femmes du monde entier.
En 2015, elle a commencé à prendre la pilule contraceptive combinée qui contient des oestrogènes et des progestatifs. L’autre type de pilule contraceptive ne contient que des progestatifs.
Elle avait parfois des vertiges ou souffrait de problèmes de respiration en montant les escaliers, mais H. Needham attribuait les symptômes à son stress. Suite à sa perte de conscience et son admission à l’hôpital, elle a passé trois jours en soins intensifs et quatre jours dans une aile spécialisée avant de retourner chez elle pour se remettre complètement de cette épreuve.
Hannah Needham confie qu’elle aurait aimé recevoir plus d’informations sur les côtés positifs et négatifs de la pilule.
“J’étais choquée de constater qu’un médicament que je prenais sans la moindre inquiétude pouvait avoir un effet aussi traumatisant”, a-t-elle confié. “Je n’aurais pas pris la pilule si j’avais su”.
“Mais je sais également que de nombreuses femmes qui prennent la pilule vont très bien, et je ne veux pas les décourager complètement”, confie H. Needham. “J’aurais toutefois aimé en savoir davantage sur les risques de caillots de sang associés à la pilule”.
Le risque de MTE chez les femmes qui utilisent une contraception hormonale combinée est plus important au cours des premiers mois d’utilisation, d’après Dr. Robert Reid, qui travaille pour la division d’endocrinologie au département d’obstétrique et de gynécologie à l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario.
La contraception par voie orale augmente le risque de développer un caillot sanguin dans la jambe, passant de 5 sur 10 000 chez celles qui ne la prennent pas à 9 sur 10 000 au cours des six premiers mois d’utilisation, confie R. Reid. La probabilité d’une embolie pulmonaire (blocage) mortelle est de 1 sur 100 caillots de sang, et le risque additionnel de décès suite à une embolie pulmonaire chez une femme qui commence à prendre un contraceptif par voie orale est donc d’environ 4 sur 1 million.
“Le risque de souffrir d’un caillot de sang et d’une embolie pulmonaire est bien plus important chez une femme qui tombe enceinte”, confie R. Reid à Yahoo Canada, en mentionnant des études qui montrent qu’une embolie pulmonaire reste l’une des principales causes de décès chez les mères dans les pays développés. “Certaines stratégies peuvent être adoptées pour réduire le risque chez les femmes qui utilisent une contraception par voie orale, par exemple en évitant de prescrire des contraceptifs par voie orale aux fumeuses de plus de 35 ans”.
De nouvelles formes de contraception hormonale combinées contenant des types d’œstrogène différents de ceux actuellement utilisés semblent également présenter moins de risque, confie-t-il.
D’autres facteurs de risque liés à la MTE incluent l’âge (les personnes de plus de 40 ans étant plus à risque), l’obésité, l’immobilité prolongée (pendant de longs voyages par exemple), l’inactivité physique, les cancers, les opérations et certaines fractures (de la hanche, du pelvis ou d’os longs).
Les antécédents familiaux jouent également un rôle. D’après une étude de 2017 co-écrite par R. Reid dans l’Open Journal of Obstetrics and Gynecology, si la MTE est présente chez un membre de la famille direct (comme un parent, un frère ou une sœur ou un enfant), un dépistage est généralement nécessaire avant d’adopter la contraception par voie orale.
Les auteurs de l’étude ont noté que les types de contraception les plus efficaces, et qui ne sont pas associés à un risque plus important de caillot sanguin, sont les dispositifs intra-utérins en cuivre et le dispositif intra-utérin à base de lévonorgestrel, un dispositif flexible placé dans l’utérus qui libère une hormone afin d’éviter la grossesse.
Un implant contraceptif qui secrète des progestatifs permet également d’éviter les grossesses efficacement sans augmenter le risque de MTE.
La pilule contraceptive uniquement à base de progestatifs n’augmente pas le risque de MTE.
“Les méthodes contraceptives hormonales combinées, comme la pilule, le patch ou l’anneau vaginal, sont des facteurs de risque associés à la MTE connus”, d’après l’étude de R. Reid. “Les professionnels de la santé doivent connaître l’éventail d’options contraceptives et prendre en compte les avantages et les inconvénients associés à chaque méthode pour la femme”.
Gail Johnson