A Tokyo, une application permet de dénoncer un frotteur dans le métro et de l’humilier dans toute la rame
Face au nombre croissant de frotteurs dans le métro tokyoïte, la police de la ville a frappé un grand coup. Elle a lancé une application qui donne l’alerte à son voisin ou hurle dans toute la rame dès qu’une femme est agressée. Pourquoi on n’a pas ça nous ?
On ne sait pas si vous êtes déjà allé à Tokyo mais croyez-nous sur parole, le métro là-bas… C’est l’enfer. Surtout aux heures de pointe. Tout le monde essaie tant bien que mal d’entrer dans des rames bondées et s’entassent comme des animaux dans ces wagons pour de longues minutes de trajet. Super agréable. Mais en plus de ce cadre super cosy qui sent bon la transpi, les agressions sexuelles sont monnaie courante si on en croit le nombre de signalements et les nombreux témoignages des victimes de frotteurs.
Vous savez ces mecs (on ne dit pas ça parce qu’on est des féministes en colère hein, les stats prouvent que ce sont en très grande majorité des hommes) qui collent certaines passagères (là encore, on n’invente rien, ce sont les femmes les principales victimes) d’un peu trop près voire qui se masturbent carrément contre elles. Sympa quand tu enlèves ta jupe/ton short/ton jean/ton manteau en rentrant chez toi le soir et que tu vois une trace blanche douteuse.
Pas touche !
Pour lutter contre ce fléau, la police tokyoïte a eu LA bonne idée : créer une application qui a pour but de pointer du doigt son agresseur devant toute la rame. Enfin, créer, pas vraiment. L’application de service public, qui s’appelle Digi Police, a vu le jour en 2016. Initialement, elle servait à informer les habitants (notamment les famille et les personnes âgées) sur les risques d’arnaques et les rôdeurs. Mais depuis quelques mois, elle est dotée d’une nouvelle fonction.
Et là où ENFIN on se dit qu’un outil sert à prendre un frotteur la main dans le sac, c’est que l’appli ne sert pas à donner son portrait-robot, à signaler qu’on a été victime d’un attouchement, à appeler la sécurité ou la police. Non, rien de tout cela. Rien de ce qui va prendre un certain laps de temps pendant lequel l’énergumène va pouvoir se carapater... Et potentiellement ne jamais être retrouvé. Digi Police permet de prévenir ses voisins et même tout le wagon que là, sous leurs yeux, il y a un gros sal*pard. Et qu’accessoirement ils peuvent aider la pauvre nana qui subit ses pulsions au lieu de détourner le regard.
Une voix qui s’élève pour dire stop
Mais alors, comment ça marche ? L’app peut afficher un message sur son Smartphone disant "Il y a un agresseur, s'il vous plaît aidez-moi" pour qu’on puisse montrer l’écran à ses voisins. Sachant que les Japonais sont tout le temps rivés sur leur téléphone, c’est pas bête du tout. Sinon, il y a une deuxième possibilité bien plus efficace et particulièrement humiliante pour l’agresseur : déclencher une voix qui crie "Arrêtez !" assez fort pour que tout le monde entende. Non seulement c’est dissuasif mais ça incite les autres passagers à lever le nez pour voir ce qu’il se passe et porter secours à la demoiselle en détresse.
Et puis surtout, ça donne aux femmes une voix (une vraie) quand elles sont tellement tétanisées par la peur qu’elles ne peuvent plus émettre un son. "Avec Digi Police, elles peuvent alerter les autres passagers tout en restant silencieuses", explique Keiko Toyamine, une responsable du département de police de la capitale japonaise qui précise qu’au Japon il est très mal vu de parler dans les transports en commun.
Visiblement, il n’y a pas que nous qui trouvons que c’est un concept génial. L’application a déjà été téléchargé plus de 237 000 fois, "un chiffre inhabituellement élevé" pour un programme de service public selon la spécialiste. Si grâce à ça un frotteur est chopé par les flics, il encoure tout de même 6 mois de prison et une amende pouvant atteindre 500 000 yens soit près de 4100 euros. Et jusqu’à dix ans d’incarcération s’il y a eu violence ou menaces. Ça fait cher le frotti-frotta.