Une Française condamnée à huit mois de prison pour adultère en Tunisie après une photo postée sur Snapchat

Dans certains pays du monde, l’adultère est passible d’une peine de prison. C’est le cas en Tunisie. Et la Française Olfa Ayari en a fait les frais. La cheffe d'entreprise a passé trois mois en détention préventive. Le 16 janvier dernier, Olfa Ayari a été condamnée à huit mois de prison ferme pour adultère. La mère de famille va faire appel de sa condamnation.

En mai 2023, Olfa Ayari se rend en Tunisie pour un voyage d'affaires. La cheffe d'entreprise, qui ne parle pas arabe, est accompagnée d'un ami, présent pour l'aider dans les démarches à effectuer dans le pays. Par mégarde, comme elle nous le confiera, elle poste un selfie d'eux dans sa story Snapchat. Quelques heures plus tard, en plein milieu de la la nuit, des policiers habillés en civil entrent dans sa chambre d’hôtel et commencent à inspecter les lieux. "Ils ont même été fouiller dans la poubelle de la salle de bains pour trouver des preuves." Totalement stupéfaite de la situation, Olfa Ayari pense être confrontée à des voleurs, avant que les forces de l'ordre lui signalent qu'elle est sous mandat d'arrestation : "Ils m’apprennent qu’il y a une plainte de mon mari. Quand ils me disent mon mari, je n’ai pas compris puisque je suis séparée depuis déjà six mois."

"Quand j’ai vu la photo, je me suis dit que c’était une blague"

Devant les policiers, la Lyonnaise est confrontée à la photo qu’elle avait postée par erreur sur Snapchat. "Quand j’ai vu la photo, honnêtement je me suis dit 'Il y’a un problème, c’est une blague'." La police lui dit alors qu'elle est en état d'arrestation pour "adultère". Arrivée au commissariat, Olfa Ayari croise son ex-mari avec son avocat : "Là, je comprends qu’il y a un piège qui est en train de se refermer sur moi."

Des analyses "très, très humiliantes"

Les policiers la soumettent à une série d’analyses qu’elle décrit comme "très très humiliantes" : "Ils m’ont emmenée à l’hôpital, au service gynécologie, pour faire des analyses vaginales et rectales. Ce sont des analyses que l’ont fait lorsque les personnes sont violées." Olfa Ayari a également été soumise a des tests salivaires au sein du département de la police scientifique.

"Je suis passée devant un procureur, à qui j’ai montré que j’avais déjà une première conciliation de divorce en 2017." Olfa Ayari passe ensuite devant un juge d’instruction, accompagnée d’une avocate commise d’office. L’ami qui l’accompagne passe lui aussi devant le juge d’instruction. À son retour, le couperet tombe. "Il m'a dit : 'On va en prison'." Une heure plus tard, la cheffe d’entreprise se retrouve à La Manouba, la prison des femmes. Elle sera incarcérée trois mois en détention provisoire dans une chambre de 25m2 avec 50 autres femmes.

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"Je ne savais pas que mon mariage avait été transcrit en Tunisie"

Cette mère de deux enfants est séparée depuis un an de l’homme qu'elle avait épousé en 2005 en France. Comment une Française a-t-elle pu être condamnée pour adultère en Tunisie ? Olfa Ayari est née en France de parents tunisiens. Elle a acquis la double-nationalité à 25 ans, à l’instar de son ex-mari, également détenteur de la nationalité franco-tunisienne. Ce qu'ignorait la mère de famille, c’est que son mariage avait été transcrit en Tunisie par son ex. "Seul l’un des deux époux peut le faire. C’est pour ça que je parle de "piège". Comme mon mariage a été transcrit en Tunisie, c’est comme si je m’étais mariée en Tunisie."

Eu égard à cette transcription et à sa double nationalité, Olfa Ayari est soumise aux règles du pays, puisque le délit supposé a été commis en Tunisie. Pour rappel, la loi tunisienne pénalise l’adultère dans le cas du mariage, avec des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison.

L'ami d'Olfa Ayari présent sur la photo a également été condamné à huit mois de prison ferme, avec l'impossibilité d'exercer son métier de médecin en Tunisie en raison de son casier judiciaire.

"Je dois laver mon honneur"

Le 16 janvier 2024, Olfa Ayari a été condamnée à huit mois de prison ferme. Elle en a déjà purgé trois. Il lui reste donc encore cinq mois à effectuer si elle se rend dans le pays. C’est un risque qu’elle est prête à prendre. La cheffe d’entreprise lyonnaise a décidé dé faire appel de la décision. "Mon avocat ne peut pas plaider si je ne suis pas présente. Je dois retourner en Tunisie pour plaider ma cause, pour laver mon honneur. Mais honnêtement, psychologiquement c’est très difficile. Pour mes enfants aussi c’est très dur de savoir que je vais retourner en Tunisie. Mais justice doit être faite."

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