TABOU - Alcoolisme au travail : "Je mélangeais de la vodka à mon café le matin. Personne ne remarquait rien"
Lors de la conférence de presse de la "Star Academy", la production a révélé que Yanis Marshall, l'emblématique professeur de danse de la saison précédente, ne serait pas de retour pour des raisons de calendrier. Le principal intéressé a toutefois pris la parole, et révèle avoir été évincé après avoir rencontré des problèmes avec l'alcool, qu'il a longtemps cachés à la production. Et il n'est pas le seul à avoir été confronté à des questions d'alcoolisme au travail.
Entre la pression des cours de la "Star Academy", les interviews et le fait d'être particulièrement mis en avant dans l'émission, Yanis Marshall a développé des crises d'angoisse. Et, dans une interview accordée au Parisien, le danseur l'admet : "Quand c’est comme cela, j’ai besoin de parler ou d’évacuer au maximum. Et comme j’aime la fête, cela a pu m’arriver de passer par l’alcool."
Conséquence, il est plusieurs fois venu travailler en gueule de bois, et après les tournages, se tournait parfois vers l'alcool. "En sortant de scène, j’ai descendu une bouteille de champagne et je me suis effondré en larmes. J’ai fait la plus grosse crise d’angoisse de ma vie", raconte-t-il. Des problèmes qu'il a fini par confier à une personne de confiance... Qui a tout raconté à la production. Le début d'un effet boule de neige qui a entraîné, selon lui, son éviction.
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L'alcool au travail, un problème plus répandu qu'on ne le croit
Il n'y a pas que dans le monde du showbusiness que la consommation d'alcool sur le lieu de travail peut avoir lieu, bien au contraire. En 2022, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) a mené une étude auprès des professionnels des services de santé au travail. Cette étude révèle des pratiques addictives répandues en milieu professionnel, notamment en matière de consommation d’alcool et de cannabis.
Selon cette enquête : "Les substances psychoactives qui posent le plus de problème chez les travailleurs sont l’alcool pour 91 % des répondants, le tabac pour 66 %, le cannabis pour 64 % et enfin les médicaments psychotropes pour 43 %." Et pour 64% des professionnels des services de santé au travail (médecins, infirmiers, psychologues et ergonomes) sondés, la consommation d'alcool est répandue dans le monde du travail. "Ces pratiques addictives ont une origine multifactorielle, c’est-à-dire qu’elles sont liées à la vie privée mais aussi à la vie professionnelle. D’où l’importance d’identifier les facteurs qui favorisent ces pratiques au sein de l’entreprise et de mener les actions de prévention adéquates", précise le Dr Philippe Hache, expert sur les addictions au travail à l’INRS et responsable de cette étude.
"Je buvais à petite dose toute la journée, personne n'a rien remarqué"
Georges*, directeur financier dans une entreprise du sud de la France, ne connaît que trop bien le fait de travailler en état d'ivresse. "Mes collègues pensaient que je ne conduisais pas par goût du luxe, et que ça expliquait pourquoi je venais au boulot en taxi. La vérité, c'est que j'avais perdu mon permis pour conduite en état d'ivresse. Aujourd'hui, je suis sobre depuis deux ans. Mais pendant quatre ans, j'étais ivre au travail presque tous les jours, et personne n'a rien remarqué."
A 44 ans, Georges a décidé de reprendre sa vie en main. "J'ai longtemps été un gros fêtard. L'alcool, la coke aussi parfois. Pour moi, ça a commencé par le fait devenir au travail en ayant la gueule de bois. Ou en prenant juste le temps de me doucher après avoir picolé toute la nuit. Puis, j'ai commencé à "combattre le mal par le mal" en ajoutant un peu d'alcool à mon café le matin, et ça s'est enchaîné."
Le quadragénaire avait mis en place toutes sortes de stratagèmes pour que son alcoolisme au travail reste invisible : "J'avais conscience d'avoir un problème, mais aucune envie de le surmonter. L'alcool me donnait confiance en moi, et j'avais l'impression d'être meilleur dans mon job. J'avais tout le temps un chewing gum en bouche pour cacher mon haleine alcoolisée, et j'utilisais de la vodka que je mélangeais à mon café, mon eau pétillante, mon soda... La vodka a une odeur très faible, du coup, j'avais moins de chances qu'on remarque quoi que ce soit."
En parallèle, le directeur financier s'arrangeait pour ne jamais être vu par ses collègues en train de boire de l'alcool. "Au resto le midi, je buvais de l'eau. En afterwork, un jus de fruit. Mon meilleur bouclier pour cacher mon alcoolisme, c'était de faire croire que je ne buvais pas du tout."
Finalement, c'est le Covid et le confinement qui l'ont aidé à arrêter de boire. "Les deux premières semaines, j'étais ivre en permanence, tout seul chez moi. Comme je n'avais pas à faire semblant d'être sobre, je buvais plus, et mes performances ont commencé à s'en ressentir. Jusqu'au jour où j'ai fait une grosse erreur qui a failli coûter des millions à ma boîte. Ça a été un électrochoc. J'ai profité de mes congés pour aller en désintox, et aujourd'hui, je suis fier d'être sobre. Je suis toujours dans la même boîte. Et personne ne sait rien de ce que j'ai traversé."
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"Quand je pense au nombre de personnes que j'ai pu mettre en danger..."
Père de trois enfants, Philippe* 34 ans, s'est retrouvé à devoir cumuler deux emplois lorsque sa femme a perdu le sien en 2021. "Elle travaillait dans un supermarché, mais avec les prix des nounous, vu que notre petit dernier n'avait qu'un an, son salaire couvrait à peine nos frais de garde. On s'est dit que ça serait plus simple qu'elle devienne mère au foyer, et que je prenne un petit boulot supplémentaire."
En plus de son travail de plombier, le trentenaire est alors devenu chauffeur de VTC. "Pour moi, c'était pratique : j'avais ma caisse à outils dans le coffre, et quand je n'étais pas en intervention, je pouvais faire des courses. Mes journées étaient bien remplies, je ne comptais pas mes heures, mais je m'accrochais en me disant que c'était pour le bien de ma famille, et pour me détendre, je buvais de la bière en rentrant chez moi."
Seulement voilà, pour ce père de famille, les quantités ont petit à petit augmenté. "Souvent, après avoir enquillé deux ou trois bières, quand ma femme et mes enfants dormaient, je retournais faire des courses, car ça rapporte plus la nuit. J'étais épuisé, mais il fallait que je tienne. J'ai remplacé la bière par de la vodka mélangée à des boissons énergisantes, et sans m'en rendre compte, je sirotais ça dans mon thermos tout au long de mes courses. Je me demande encore comment j'ai fait pour ne pas avoir d'accident...", avoue-t-il.
C'est finalement un contrôle de routine qui a mis à jour son alcoolisme. "Un samedi soir, je ramenais des gamins ivres de boîte de nuit, et un policier m'a fait souffler dans l'éthylotest. J'étais largement au dessus de la limite. Il m'a retiré mon permis immédiatement, et, tout penaud, j'ai dû appeler ma femme. Ça a été un électrochoc. Elle m'a hurlé dessus pendant des heures, et elle a eu raison : quand je pense au nombre de personnes que j'ai pu mettre en danger, ça me rend malade."
Son permis suspendu, Philippe a contacté les Alcooliques Anonymes, et suit désormais un programme. "Je suis sobre depuis trois mois. J'ai eu des petites rechutes, je l'admets, mais je m'accroche. Ma femme a recommencé à travailler à temps partiel maintenant que le petit est en maternelle. On a évité le pire", conclut-il.
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